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2024 - n° 83 & 84
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2024 – Revue n° 83-84 - numéro double
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JOURNÉE AEEMA – 2 JUIN 2023 : COMMUNICATION LIBRE
Défis et opportunités pour la mise en œuvre de la surveillance One Health : leçons tirées de l’application de l’outil d’évaluation OH-EPICAP
Hénaux Viviane, Tegegne Henok, Bogaardt Carlijn, Cazeau Géraldine, Collineau Lucie, Freeth Freddie, Lailler Renaud, Taylor Emma et Prada Joaquin
Les agences internationales de santé encouragent le développement de systèmes de surveillance One Health (OH), impliquant des collaborations multisectorielles et transdisciplinaires pour améliorer l'efficacité et l'efficience de la surveillance des maladies ou dangers sanitaires. Afin d’identifier les points forts et les faiblesses dans les systèmes de surveillance OH, nous avons coordonné les évaluations de onze systèmes, réalisées avec l’outil OH-EpiCap que nous avons développé. Ces systèmes concernaient la surveillance de l’antibiorésistance, de dangers sanitaires d'origine alimentaire (Salmonella, Listeria, Campylobacter) et animale (psittacose) dans plusieurs pays européens. Dans l'ensemble, il est ressorti des faiblesses dans :
1. la mise en place d’un leadership opérationnel et partagé entre les différents secteurs,
2. le respect des principes directeurs « FAIR »,
3. le partage d’outils et techniques d’analyse,
4. l’harmonisation des indicateurs épidémiologiques entre les secteurs.
Ces limites conduisent à une mauvaise organisation et à un fonctionnement sous-optimal de ces systèmes de surveillance intégrée. De plus, dans la plupart des systèmes étudiés, l’impact de l’approche OH sur l'efficacité de la surveillance, les coûts opérationnels, les changements de comportement dans les populations à risque, ou encore sur la santé des populations, était peu étudié.
JOURNÉE AEEMA – 6 JUIN 2024 : RISQUES INFECTIEUX LIÉS À LA FAUNE SAUVAGE ET MODALITÉS DE GESTION
Risques d’émergence de maladies infectieuses à partir de la faune sauvage
Benavides Julio
Les maladies infectieuses circulant dans la faune sauvage peuvent franchir la barrière d’espèces pour atteindre l'Homme et les animaux domestiques, avec des répercussions considérables sur la santé publique et l'économie mondiale. En effet, une majorité des maladies infectieuses humaines émergentes proviennent d'animaux sauvages, incluant les agents causant les pandémies de SARS-CoV-2, VIH, le virus Ebola et la grippe aviaire. Sur ce manuscrit, je résume l’importance des maladies infectieuses, issues de la faune sauvage, pour la santé humaine et animale à partir de divers exemples. Je détaille comment les perturbations croissantes par l’Homme des écosystèmes à forte biodiversité génèrent des contacts entre la faune sauvage, les animaux domestiques et l'Homme, générant des voies potentielles de transmission de maladies. Finalement, j’encourage la compréhension de ce risque d’émergence par l’implémentation d’une approche holistique « Une seule santé », qui considère l’interdépendance de la santé de l'écosystème, des humains, des animaux et d3es plantes, et qui favorise la recherche interdisciplinaire et les actions multisectorielles pour prévenir ce risque.
Évolution des populations d’ongulés sauvages en France métropolitaine
Saint-Andrieux Christine, Barboiron Aurélie et Pellerin Maryline
Dans le cadre de ses missions, l’Office français de la biodiversité (OFB) réalise le suivi des populations de grands ongulés sauvages en France métropolitaine. Un réseau a été créé en 1985 et fonctionne grâce à la collaboration entre l’OFB et les fédérations nationale et départementales des chasseurs. L’analyse des données issues des tableaux de chasse (nombre d’animaux tués à la chasse annuellement), collectées depuis 1973, permet de retracer la progression spectaculaire de toutes les espèces d’ongulés sauvages, en particulier du Cerf élaphe (Cervus elaphus), du Chevreuil (Capreolus capreolus) et du Sanglier (Sus scrofa), dont les prélèvements par la chasse ont été multipliés, en 50 ans, respectivement par 15, 12 et 22. La gestion des ongulés repose principalement sur la chasse, qui doit permettre de garantir la pérennité des espèces et de concilier les intérêts cynégétiques, agricoles, forestiers, sanitaires et sociétaux.
Biodiversité des agents infectieux issus de la faune sauvage
Zientara Stephan et Gonzalez Gaelle
De nombreux agents pathogènes (virus, bactéries, parasites, champignons) qui infectent l’Homme ont comme réservoirs des animaux de la faune sauvage. Il y a entre 8 et 10 millions d’espèces animales sur la planète. L’IBPES estime qu’il y a environ 1,7 millions de virus hébergés par les animaux et qu’entre 600 000 et 800 000 seraient susceptibles d’infecter l’Homme. Les mécanismes qui permettent le franchissement de la barrière des espèces sont complexes et constituent des évènements rares. Mais si les occasions de franchissement sont nombreuses, même si la probabilité est faible, l’évènement a de fortes chances de se réaliser. Enfin, grâce notamment à l’intelligence artificielle, des approches de prédiction d’un pouvoir potentiel zoonotique s’avèrent prometteuses.
Risques infectieux liés à la faune sauvage et modalités de gestion : exemple de l’influenza aviaire (IA), de la science à la gestion
Van de Wiele Anne, Guillemain Matthieu, Grasland Béatrice, Niqueux Éric et Briand François-Xavier
Après plusieurs vagues épizootiques ces dernières années à différentes échelles au niveau mondial, l’IA continue à évoluer et à nous surprendre, avec des dynamiques de plus en plus inquiétantes, puisqu’elle s’étend sur toujours plus de territoires, plus de groupes taxonomiques : déjà chez les oiseaux sauvages qui sont plus ou moins migrateurs, mais également chez les mammifères, avec quelques cas humains qui appellent à notre vigilance.
Pour mieux comprendre ces évolutions et identifier comment agir, nous avons associé les compétences d’épidémiologistes, d’ornithologues et de virologistes, dans une approche typiquement One Health.
Le séquençage des virus a permis de mieux comprendre les liens épidémiologiques entre les différents groupes d’animaux concernés, et notamment d’identifier que, si la faune sauvage est souvent à l’origine du premier cas en élevage, d’autres mécanismes existent pour la propagation ultérieure entre élevages.
Les mesures de lutte ont dû s’adapter au fur et à mesure de la succession des crises et des connaissances acquises. Malheureusement la violence des dernières épizooties n’a pas pu être maitrisée, ce qui a conduit à réintroduire l’utilisation de la vaccination, qui avait été proscrite dans les élevages de volailles pendant plusieurs années. Il reste à évaluer le bénéfice à large échelle de ce nouveau choix.
La tuberculose bovine, un exemple de système complexe où la connaissance vient nourrir les stratégies de gestion
Desvaux Stéphanie, Payne Ariane, Boschiroli Maria-Laura, Benoit Durand, Lesellier Sandrine, Canini Laetitia, Marsot Maude, Michelet Lorraine, Girard Sébastien, Chevalier Fabrice, Réveillaud Édouard et Richomme Céline
Bien que la France soit reconnue officiellement indemne de tuberculose bovine (TB), l’infection à Mycobacterium bovis (M. bovis) est toujours enzootique dans les élevages bovins situés sur certains territoires des régions Nouvelle-Aquitaine, Bourgogne-Franche-Comté, Corse et Normandie [Forfait et al., 2023]. Sur ces mêmes territoires, la présence de M. bovis est également régulièrement détectée dans les populations d’animaux sauvages, notamment les blaireaux et les sangliers, avec les mêmes génotypes de M. bovis que chez les bovins. Depuis les premières découvertes de l’infection dans des populations de cerfs et de sangliers au début des années 2000, la surveillance de la faune sauvage (FS) pour la TB s’est structurée autour du programme Sylvatub à partir de 2011 [Réveillaud et al., 2018].
Les données de surveillance permettent maintenant, notamment, de suivre l’évolution de la prévalence dans les populations de blaireaux des zones les plus infectées [Calenge et al., 2024]. Les données de surveillance, ainsi que les données d’investigation, ont également contribué à nourrir certaines des nombreuses activités de recherche visant à éclairer le rôle de la FS dans le maintien et la transmission de l’infection au sein et entre les différentes populations d’espèces sensibles présentes sur les territoires en France. Des études expérimentales en laboratoire aux modélisations statistiques ou dynamiques, et plus récemment, aux études phylogénétiques, toute une palette de méthodes d’infectiologie et d’épidémiologie a été mobilisée. À cela est venu s’ajouter des études sur l’écologie des différentes espèces sauvages, notamment pour mieux comprendre l’interface entre les bovins et les différentes espèces sauvages susceptibles d’être infectées ou d’infecter en retour les bovins.
C’est à la lumière des résultats de l’ensemble de ces études que la communauté scientifique s’accorde maintenant sur le rôle possible des différentes populations sauvages dans la circulation de M. bovis : ces populations forment des complexes multi-hôtes constitués de communautés d’hôtes de liaison sauvages, connectées épidémiologiquement entre elles, aux bovins et à leur environnement. Ces communautés, en lien avec les bovins, permettent le maintien sur le long terme de l’infection.
Ainsi, au fil des années, des recommandations relatives à des mesures de prévention et de contrôle de plus en plus précises et adaptées à notre compréhension collective de ces systèmes complexes ont pu être émises et parfois déployées.
Parmi ces recommandations, le recours à la vaccination par voie injectable des populations de blaireaux a été proposé comme une mesure à envisager dans certaines situations en France et est actuellement testé dans un des départements infectés, avant un possible déploiement à plus large échelle. L’hypothèse principale, qui s’appuie sur les expériences irlandaises et de certaines régions du Royaume-Uni, est que la vaccination des blaireaux testés négatifs (les animaux testés positifs sont éliminés) permettra de réduire la prévalence dans ce compartiment et ainsi le risque d’infection retour pour les bovins. Elle permettrait aussi de limiter la mise en œuvre des mesures non-discriminantes de contrôles par piégeage et abattage et viendrait ainsi compléter utilement les mesures déjà mises en place pour prévenir l’infection dans le compartiment sauvage (notamment le renforcement de la biosécurité permettant d’éviter les contacts bovins-faune sauvage et la gestion des déchets de chasse).
Risques infectieux liés à la faune sauvage et modalités de gestion. Exemple de la peste porcine africaine
Gerbier Guillaume, Desvaux Stéphanie, Le Moal Nolwenn, Faure Eva, Bourry Olivier et Le Potier Marie-Frédérique
La gestion de la peste porcine africaine (PPA) est complexe car quatre éléments sont en interaction : le virus, ses hôtes, de multiples acteurs humains et enfin l’environnement. C’est une des rares maladies pour laquelle une stratégie sanitaire appliquée dans la faune sauvage présente un intérêt, sachant qu’en l’absence de vaccin autorisé dans l’Union Européenne, une stratégie médicale n’est pas encore applicable.
Depuis l’émergence de la PPA chez les sangliers dans l’Union européenne en 2014, il est apparu que trois objectifs pouvaient être assignés à cette stratégie sanitaire dans la faune sauvage : l’éradication, l’endiguement ou une approche défensive quand l’infection n’est pas encore présente dans un territoire. Cet article vise tout d’abord à décrire les interactions constituant le patho-système de la PPA. Dans un deuxième temps, les modalités de surveillance applicables (surveillance évènementielle, recherche active de cadavres et surveillance active) en fonction du contexte épidémiologique et les outils de gestion disponibles seront décrits (zonages, mesures de biosécurité en milieu naturel comme en élevage, collecte des cadavres, diminution des populations de sangliers, clôtures). Les perspectives d’utilisation d’un vaccin et d’une éventuelle campagne de vaccination seront finalement abordées.
JOURNÉE AEEMA – 7 JUIN 2024 : COMMUNICATIONS LIBRES
Évaluation des impacts, sur la santé publique, de la dynamique des populations de renards
Gilot-Fromont Emmanuelle, Villena Isabelle, Bonnaud Elsa, Fischer Claude, Giraud Etienne, Linden Annick, Meurens François, Paraud Carine, Raoul Francis, Richomme Céline, Ruette Sandrine, Trommetter Michel, Vallée Isabelle, Fiore Karine, Étoré Florence, Raimond Véronique et Collignon Catherine
L’Anses a été sollicitée pour évaluer les impacts sur la santé publique, de la dynamique des populations de renards Vulpes vulpes en France. Concernant le rôle épidémiologique du renard comme source d’agents zoonotiques, si le renard constitue la principale source de contamination environnementale d’Echinococcus multilocularis, l’expertise a établi que les actions de réduction de ses populations ne permettent pas de réduire le risque de transmission de ce parasite aux humains ou aux animaux domestiques.
Concernant le rôle épidémiologique spécifique du renard en tant que prédateur de rongeurs hôtes d’agents zoonotiques, il n’est pas possible de conclure de manière générale. En effet, le rôle du renard dans les réseaux trophiques complexes dont il fait partie ne peut pas être isolé, et la relation n’est pas démontrée entre l’abondance des rongeurs, dont le renard est un des multiples prédateurs, et le risque de maladie pour les humains. Par ailleurs, l’expertise a conclu à la faisabilité d’une analyse socio-économique de type coût-bénéfice (ACB) pour l’échinococcose alvéolaire, tout en soulignant le caractère partiel d’une ACB ciblée sur les zoonoses qui ne prendrait pas en compte d’autres rôles du renard dans les écosystèmes.
Vaccination des canards contre l’influenza aviaire hautement pathogène : estimation de l’efficacité vaccinale et comparaison de l’efficacité des stratégies de surveillance
Planchand Sophie, Vergne Timothée et Lambert Sébastien
Face à la récurrence des crises d’influenza aviaire hautement pathogène, l’Union Européenne a autorisé la vaccination depuis février 2023. Nous avons développé un modèle de transmission de l’influenza aviaire hautement pathogène dans un élevage de canards vaccinés, calibré d’après une revue extensive de la littérature et les résultats d’essais vaccinaux publiés. À l’aide de ce modèle, nous avons comparé l’efficacité de différentes stratégies de surveillance. De toutes les stratégies de surveillance évaluées, la surveillance événementielle renforcée, consistant à tester par RT-PCR toutes les semaines un maximum de sept canards trouvés morts, s’avère être la plus sensible (89 %), la plus précoce et la plus spécifique, devant toutes les stratégies événementielles fondées sur la mortalité observée et devant la surveillance programmée fondée sur un échantillonnage de volailles vivantes.
Enquête épidémiologique descriptive sur les niveaux de parasitisme dans les élevages alternatifs de porcs
Delsart Maxime, Rose Nicolas, Dufour Barbara, Répérant Jean-Michel, Blaga Radu, Benoit Chantal, Blaizot Amandine, Boudin Édouard, Da-Costa Jean-François, Dorenlor Virginie, Eono Florent, Eveno Éric, Kerphérique Stéphane, Poulain Gilles, Souquière Marie, Thomas-Hénaff Martine, Thoumire Sandra, Pol Françoise et Fablet Christelle
Une étude a été menée dans 112 élevages porcins alternatifs français (sur litière ou avec accès à l'extérieur) où des échantillons fécaux et sanguins ont été prélevés sur 10 truies, 10 porcs de 10-12 semaines d’âge et/ou 10 porcs en fin d'engraissement pour une analyse coprologique ainsi que pour des recherches d’anticorps dirigés contre Ascaris suum et Toxoplasma gondii. Des informations concernant la structure et la conduite de l’élevage ont été collectées lors de la visite de l'exploitation et ont fait l’objet d’analyses multidimensionnelles afin de déterminer des profils d’élevages au regard de l'infestation parasitaire et les caractéristiques de l'exploitation qui leur sont associés.
Notre étude a permis de confirmer que le parasitisme représente un point critique dans les élevages alternatifs de porcs. L'hygiène, et notamment la décontamination des installations, sont des facteurs associés à un faible niveau de parasitisme. À l'inverse, l'élevage en plein air ou sur litière, un entretien médiocre des bâtiments, les élevages de petite taille ainsi que la saison (été) sont des paramètres associés à des niveaux élevés de parasitisme. L'utilisation de traitements anthelminthiques multiples sur les porcs en croissance était associée à une faible excrétion d’œufs de T. suis mais à des niveaux élevés de séroprévalence pour A. suum.
Évolution de l’épidémiologie des virus de l’influenza aviaire hautement pathogène chez les oiseaux sauvages depuis 2020 : une revue de la littérature
Couty Manon, Guinat Claire, Fornasiero Diletta, Briand François-Xavier, Grasland Béatrice, Palumbo Loïc et Le Loc’h Guillaume
Les virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), en particulier les virus H5 du clade 2.3.4.4b, ont causé des épizooties dévastatrices chez les oiseaux sauvages et domestiques ainsi que des transmissions significatives aux mammifères, particulièrement depuis 2020. Notre étude cherche à comprendre le rôle des oiseaux sauvages dans la transmission et la propagation des virus IAHP entre 2020 et 2023 à l’échelle mondiale.
En analysant la littérature existante et les cas déclarés chez les oiseaux sauvages dans le monde, nous montrons que les populations sauvages ont fortement contribué à la circulation de ces virus. De nombreuses espèces d'oiseaux sauvages sont impactées, à une échelle mondiale et dans certains cas de manière massive. Certaines espèces d’anatidés, notamment des canards et des oies, sont souvent mentionnées pour leur rôle dans la diffusion des virus via des mouvements migratoires. Ce travail souligne l'importance de poursuivre les recherches afin d'atténuer les impacts de ce virus sur la santé animale et humaine.
Bilan de trois années de contrôles pulmonaires avec Ceva Lung Program (2021-2023) dans 2 500 élevages porcins français
Leneveu Philippe, Maynard Bertrand, Charles Mathieu, Gosselin Marine, Jousset Guillaume, Lefebvre Aline, Morin Jérémy, Sévin Jean-Luc, Spindler Christian, Lewandowski Éric et Delsart Maxime
La pathologie respiratoire est une dominante majeure de la médecine vétérinaire porcine et la situation des élevages peut être appréciée par l’évaluation des lésions pulmonaires observables à l’abattoir. Toutefois, celles-ci n’entrainant que peu de saisies, il faut alors avoir recours à des contrôles dédiés. L’objet de ce travail est de décrire le bilan 2021-2023 de tels contrôles réalisés dans le cadre du CLP (Ceva Lung Program).
L’évaluation des lésions pulmonaires de 2 494 élevages porcins du Grand Ouest de la France a été conduite selon une grille d’appréciation établie par Madec et Kobish, [1982] qui permet notamment de déterminer une note moyenne de pneumonie sur 24 et un pourcentage de poumons atteints de pleurésie. Cela a représenté 9 193 contrôles et 727 109 poumons évalués.
Au regard de travaux passés, les lésions observées ont été de faible intensité (1,29/24 de note moyenne de pneumonie et 4,8 % de poumons atteints de pleurésies par élevage). La note de pneumonie a baissé dans la période 2018-2023 sur la population des élevages contrôlés. Toutefois, en ne s’intéressant qu’aux élevages ayant été contrôlés chaque année, cette note, à l’origine plus basse que celle de la population globale, est restée stable.
Un « effet saison » a été confirmé, les lésions étant statistiquement moins importantes l’été. La différence a été toutefois d’une ampleur très limitée (-0,18 de note de pneumonie), ce qui pourrait être en lien avec le climat océanique de la zone étudiée.
Ce travail n’est pas une étude randomisée mais représente, par son ampleur, un formidable observatoire de la filière porcine française. Il montre une évolution sanitaire favorable, à mettre en relation avec le développement des stratégies de prévention qui a accompagné la très forte réduction d’usage des antibiotiques.
Développement d’une application R-Shiny pour l’évaluation des risques d’introduction de maladies infectieuses animales en Belgique : cas de la peste porcine africaine
Simons Xavier, Nicolas Gaëlle, Bianchini Juana, Faes Christel, Hendrickx Guy, Vilain Aline et Saegerman Claude
De nombreuses maladies animales émergentes circulent actuellement en Europe. Dans le cas de la peste porcine africaine (PPA), les conséquences sanitaires et économiques d’une nouvelle introduction de la maladie dans un pays indemne, comme la Belgique, peuvent être dramatiques. Les bases de données nationales et internationales contiennent de nombreuses données de qualité qui peuvent aider à estimer les risques d’introduction des maladies animales dans chaque pays.
L’objectif de cette étude est de développer une méthode pour estimer les risques d’introduction des maladies infectieuses animales en Belgique en combinant un maximum de données déjà disponibles. Le cas particulier de la PPA a été étudié. Une interface graphique de type R-Shiny a été développée pour visualiser ces risques. Ce développement permettra de mettre en place des mesures d’atténuation du risque pour éviter l’introduction de la maladie ou au moins d’y être mieux préparé, pour une détection plus rapide de la maladie et une réponse plus efficace.
La biosécurité en élevage avicole en circuit court : une approche systémique
Saccavini Oksana, Charrier François, Vaillancourt Jean-Pierre et Paul Mathilde
Des études antérieures ont rapporté des difficultés dans la mise en œuvre de la biosécurité au sein des élevages avicoles en circuit court et ainsi révélé l’absence d’adaptation de ces normes aux contextes et spécificités de ce mode de production. Afin de caractériser ce système de production et d’identifier les verrous à l’application de la biosécurité, des entretiens auprès de 36 acteurs de cette filière ont été conduits entre janvier et octobre 2023 dans l’ouest de la France.
Notre approche s’est appuyée sur un concept des sciences humaines et sociales, à savoir les systèmes sociotechniques. Parmi les règles de biosécurité, les plans de protection contre l’avifaune sauvage, de gestion des flux et de formation et d’accompagnement des producteurs se heurtaient aux règles, aux techniques et aux acteurs propres au circuit court, remettant en question leur identité professionnelle.
Évaluation du réseau d’épidémiosurveillance des maladies animales au Tchad par la méthode OASIS
Langtar-Nadji Justin, Gandolo Naré Bongo et Hendrikx Pascal
Le Réseau d’épidémiosurveillance des maladies animales au Tchad (REPIMAT) est l’un des premiers réseaux de surveillance épidémiologique des maladies animales qui ait été créé en Afrique subsaharienne depuis 1995. Compte tenu des défaillances constatées dans son organisation et son fonctionnement depuis 25 ans, il a été décidé de procéder en 2023 à une évaluation complète par la méthode OASIS. S’il est notable que le REPIMAT fonctionne depuis plus de 25 ans grâce à un certain nombre de points forts identifiés par l’évaluation, de nombreux points faibles ont été mis en évidence. Les principales recommandations formulées pour améliorer le fonctionnement du REPIMAT sont centrées sur :
1. L’inscription d’une ligne budgétaire mobilisable dans le budget des services vétérinaires pour assurer la pérennité des activités de surveillance,
2. Le fonctionnement de la gouvernance à l’échelon central,
3. La mise en place d’un outil performant de gestion des données,
4. La formalisation du rôle du laboratoire dans le dispositif de surveillance et l’extension des diagnostics à toutes les maladies sous surveillance,
5. La mise en place d’une équipe d’investigation épidémiologique multisectorielle formalisée mobilisable en cas de crise sanitaire,
6. La formation des personnels de la cellule d’animation en épidémiologie et gestion des données.
Le REPIMAT est donc un réseau fonctionnel, mais son fonctionnement demeure sous la dépendance des projets d’organisations internationales. La prise en charge pérenne du fonctionnement de la surveillance est une nécessité qui relève d’une prérogative de l’État, seule condition de prise en compte des recommandations de cette évaluation.
Connaissances, attitudes et pratiques en hygiène des aliments chez les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), Sénégal
Kébé Ousseynou, Ndour Andrée Prisca Ndjoug, Orou Seko Malik et Musabyemariya Bellancille
L'OMS rapporte que 10 % de la population mondiale tombent malades et 420 000 en meurent chaque année à cause d'aliments contaminés, responsables de plus de 200 formes de maladies. Les populations les plus vulnérables sont les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques. Au Sénégal, l'essor de la restauration de rue, en particulier autour des universités comme l'UCAD à Dakar, pose des problèmes d'hygiène, exposant les consommateurs à des infections alimentaires graves.
Une étude menée auprès de 420 étudiants de l'UCAD révèle que 66,45 % des étudiants ignorent les bonnes pratiques de nettoyage des cuisines et seulement 38,37 % des participants savent qu’il ne faut jamais recongeler des denrées (viande, volaille, poisson) une fois décongelées et chaudes. Le score moyen global des étudiants en termes de connaissances, attitudes et pratiques est de 17,8 sur 30, soit 59,33 % de bonnes réponses, score étant qualifié de moyen. Il est recommandé d'intégrer des modules sur l'hygiène alimentaire dès le collège et de mettre en place des programmes de sensibilisation pour réduire les risques liés aux mauvaises pratiques d'hygiène.
POINT SUR LA SITUATION DE LA TUBERCULOSE BOVINE EN FRANCE
Aperçu sur l’évolution de la tuberculose bovine en France au début du XXIe siècle (2001-2023)
Chillaud Thierry
Le présent article se propose de dresser l’historique de la tuberculose bovine en France métropolitaine de l’an 2001 à aujourd’hui en s’appuyant sur les articles scientifiques et autres documents sur ce thème qui sont librement accessibles sur l’internet. Il montre les difficultés auxquelles les services de l’État et leurs partenaires dans la surveillance et la lutte contre la maladie se sont heurtés au fil des ans ainsi que les différents plans et dispositifs qui ont été mis en place pour tenter de les surmonter. Force est de constater que, malgré tous les efforts consentis, l’objectif d’éradication fixé depuis de nombreuses années est encore loin d’être en vue.
ARTICLE REÇU
Surveillance et prévention des contaminations humaines à Salmonella le long de la chaîne alimentaire en filière bovine allaitante par une surveillance syndromique
Cazeau Géraldine, Virey Briac, Sala Carole, Huneau-Salaün Adeline, Lailler Renaud et Hénaux Viviane
En France, Salmonella est la principale cause identifiée des toxi-infections alimentaires collectives chez l'Homme. Cette étude visait à évaluer la faisabilité d’une approche de surveillance syndromique pour la surveillance de telles épidémies. Elle est fondée sur un ensemble de données couvrant la mortalité des bovins en élevage, les isolats de Salmonella en laboratoire (élevages et chaîne alimentaire) et les données de santé humaine entre 2011 et 2018 en France.
Des séries chronologiques hebdomadaires à l'échelle nationale construites à partir de ces données ont été analysées rétrospectivement avec cinq algorithmes de détection d'anomalies en univarié (Holt-Winters, limites historiques, EWMA, Shewhart et CUSUM) et trois en multivarié (T2 d'Hotelling, MEWAM et MCUSUM) afin d'identifier des événements excessifs anormaux au cours des trois dernières années. Certains événements excessifs ont été signalés simultanément par de nombreux algorithmes provenant de plusieurs jeux de données. Cette étude a démontré le potentiel de la surveillance syndromique pour surveiller les maladies d'origine alimentaire dans le cadre d'une approche One Health.