Chaque mois, un membre de l’AEEMA met en avant un article scientifique de son choix.
Ce mois-ci, Anne Relun, résidente en santé des bovins (ECBHM) à Oniris à Nantes, vous propose l’article «A bovine botulism outbreak associated with a suspected cross-contamination from a poultry farm» écrit par Souillard et al. et publié dans Veterinary Microbiology en 2017.
Le résumé de cet article est disponible ici.
Pouvez-vous nous résumer brièvement l’article ?
En novembre 2014, deux foyers de botulisme à Clostridium botulinum type D/C se sont déclarés dans deux troupeaux bovins proches d’une exploitation avicole. Cet article décrit une investigation épidémiologique menée pour identifier les réservoirs et la source de contamination de ces foyers et notamment investiguer s’ils ont un lien avec l’exploitation avicole. Pour cela les auteurs ont interrogé les éleveurs pour déterminer le déroulement spatio-temporel des évènements et ont collecté des échantillons environnementaux dans les 3 exploitations pour rechercher C.botulinum type D/C par PCR. La bactérie a été identifiée dans à la fois dans l’exploitation avicole (environs du bâtiment, litière, système de ventilation, ténébrions), et dans les exploitations bovines (ensilage d’herbe fait à partir d’une parcelle où avait été stocké un tas de fumier de volaille, pâture et tas de fumier de volaille mais pas dans les logettes). Les volailles pourraient donc être porteurs asymptomatiques de C. botulinum type D/C et agir comme réservoirs pour les bovins.
Pourquoi avoir choisi de mettre en avant cet article ?
De nombreux foyers de botulisme bovin à C. botulinum D/C ont été rapportés en Europe de l’Ouest ces 20 dernières années, souvent à proximité d’élevages de volaille, sans pouvoir identifier la source des bactéries. C. botulinum D/C est une forme mosaïque entre les types C et D, contenant 2/3 du génome de C. botulinum de type D et1/3 de C. botulinum de type C. L’hypothèse communément admise pour expliquer les foyers bovins était que les fumiers de volaille contenaient des cadavres de volaille dans lesquelles C. botulinum se développait et produisait des toxines, finalement ingérées par les bovins. Cette étude suggère qu’un portage asymptomatique de C. botulinum D/C par les volailles pourrait avoir lieu et que les bactéries pourraient contaminer des exploitations bovines voisines via le fumier, voire même via l’air sur une courte distance.
Y a-t-il des points abordés dans l’article qui vous ont laissé perplexe ou que vous auriez aimé voir plus développés ?
Qui dit C. botulinum ne dit pas forcément botulisme bovin puisque les bovins, sauf problème digestif annexe, sont censés ingérer les toxines (et non pas la bactérie) pour développer la maladie. Il aurait été intéressant d’investiguer également les facteurs qui ont pu conduire à la germination des bactéries dans ces deux foyers bovins (problèmes de conservation de l’ensilage d’herbe, présence de mares sur les pâtures …). Encore bien des choses à comprendre sur la transmission de cette maladie, mais cet article est un pas de plus pour expliquer l’occurrence de cas de botulisme bovin à proximité d’élevages avicoles.
Merci à Anne Relun (
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