ÉPIDÉMIOLOGIE DES ENCÉPHALOPATHIES SPONGIFORMES - Réunion A.E.E.M.A., Alfort, 29 mai 1991
L'épidémiologie des encéphalopathies spongiformes subaiguës humaines (E.S.S.A.) (ou encéphalopathies spongiformes transmissibles de l'Homme) commence avec l'œuvre de Gajdusek et Gibbs qui au National Institute of Health ont su, à partir des années 60, décrire un puzzle qui les conduisit à démontrer pour la première fois le caractère transmissible d'une affection dégénérative du système nerveux central. Ces maladies sont au nombre de deux chez l'Homme: le kuru et la maladie de Creutzfeldt-Jakob (C.J.) ou le syndrome de Gerstmann, Straussler, Scheinker (G.S.S.), qui lui est étroitement associé. Hadlow fit le rapprochement avec la tremblante du mouton (scrapie), de la première maladie humaine, le kuru, décrite en 1957 par Gajdusek et Zigas chez l'ethnie Fore de Papouasie-Nouvelle Guinée. Aux critères cliniques et anatomopathologiques, l'évolution le plus souvent rapide et toujours inexorable au terme d'une période d'incubation longue, avec une atteinte de la substance grise associant perte neuronale, gliose, spongiose sans réaction inflammatoire, s'ajoutait le critère de transmission aux primates, aux rongeurs et aux carnivores. Cette transmission est obtenue facilement par voie intracérébrale ou intraoculaire, mais est aussi possible par voie sous-cutanée, intramusculaire, intrapéritonéale, intraveineuse et orale. Le kuru, au taux d'occurrence important de 1 % en 1960, plus fréquent chez les femmes, est une maladie actuellement en voie de disparition avec la fin des pratiques de cannibalisme rituel. L'étude épidémiologique de l'affection et les recherches ethnographiques concernant les Fore ont mis en évidence qu'aucun facteur ne pouvait être retenu en dehors de l'endo-cannibalisme. La maladie de C.J., dont l'endémie n'est connue avec précision qu'aux Etats-Unis et en Europe occidentale et centrale, au Chili et en Israël, est une affection rare de la deuxième partie de la vie (taux d'occurrence égal à 1 / 106 en moyenne), qui, comme une variante, le syndrome de G.S.S., se présente sous la forme de cas sporadiques ou familiaux. S'il est possible d'individualiser des cas de maladie de C.J. iatrogène (greffe de cornée, greffe de dure-mère, inoculation intracérébrale par électrodes d'électro-encéphalographie contaminées ou matériel de neurochirurgie, utilisation d'hormone de croissance obtenue à partir de pool d'hypophyses), il n'existe aucune relation biunivoque de passage entre la tremblante et la maladie humaine, aucun facteur épidémiologique alimentaire, professionnel ou de proximité permettant de mettre en évidence la moindre relation entre les deux affections. Comme dans les maladies de l’animal, naturelles ou expérimentales, la tremblante des ovins et des caprins, l’encéphalopathie du vison et l’encéphalopathie spongiforme des bovins (BSE), il existe des prédispositions génétiques : l’existence de foyers dans certaines ethnies (juifs d’origine libyenne, etc.) comme les cas familiaux ou le syndrome de G.S.S. sont les exemples les plus caractéristiques. Les propriétés physico-chimiques et biologiques des éléments infectieux atypiques responsables de ses affections se caractérisent par leur extrême résistance aux agents physiques et chimiques, à l’exception des hypochlorites ou des oxydants puissants. Ils sont étroitement associés à une protéine normale du cerveau, la PrP décrite par Prusiner, initialement chez le hamster, et retrouvée dans tout le règne animal. Cette association, décrite sous la forme des fibrilles associées de la scrapie (SAF) par Merz, de bâtonnets par Prusiner surtout dans la tremblante expérimentale, est le témoin d’une dysrégulation protéique, dont le mécanisme est actuellement inconnu. Elle s’accompagne de divers types de mutation sur l’allèle du gêne de la PrP mis en évidence dans certains C.J. expérimentaux et dans la tremblante expérimentale. L’introduction dans le génome d’une souris normale de cette anomalie de codage provoque la maladie, mais il est impossible actuellement d’expliquer le caractère transmissible de ces affectations et d’infirmer la présence d’une information génétique spécifique. Il est possible que ces affectations entrent dans un cadre nosologique plus large et que cette dysrégulation protéique et l’existence du codage anormal associé puissent être induites par une mutation ou un agent infectieux atypique. L’apparition de la BSE à partir d’une contamination orale (ingestion répétées de protéines avec un taux élevé d’éléments infectieux) par des aliments enrichis en protéines et du même coup en éléments infectieux, sa diffusion au chat domestique, posent le problème, dans des conditions similaires, d’un éventuels passage aux primates.
L'encéphalopathie spongiforme bovine (E.S.B.1 est une maladie nouvelle des bovins adultes observée cliniquement pour la première fois au Royaume-Uni en avril 1985. La confirmation du diagnostic se fait par examen histologique du cerveau (premier cas en novembre 1986) qui révèle une spongiose du neuropile de la substance grise, une astrogliose et une vacuolisation des corps cellulaires des neurones. Cette maladie est une anazootie. Elle a été provoquée par une augmentation de l'exposition des bovins à un agent semblable à celui de la tremblante à partir de 1981-1982. Cette augmentation de l'exposition a été due à un changement dans l'alimentation des ruminants, en particulier dans les procédures de fabrication des farines de viande et des poudres d'os. L'abandon des procédures d'extraction des lipides à l'aide de solvants hydrocarbonés a été plus particulièrement incriminé. Au 17 mai 1991, 28.499 cas ont été confirmés en Grande-Bretagne, la plupart d'entre eux sur des vaches laitières. L'Irlande du Nord et la République d’Irlande ont eu une incidence de la maladie beaucoup plus faible que celle de la Grande-Bretagne et des cas sporadiques ont été observés en Suisse et en France. Un petit nombre de cas ont été identifiés chez des Bovidés d'espèces exotiques vivant dans des zoos britanniques et qui avaient reçu le même type d'aliment que les bovins. Quelques cas ont également été identifiés chez le chat en Grande-Bretagne, mais leur origine demeure inconnue. Des mesures destinées à supprimer l'exposition de l 'Homme et des animaux à l'agent de cette maladie ou à la réduire à un niveau dépourvu de risque, ont été prises en Grande-Bretagne et dans certains pays. En ce qui concerne les animaux, en Grande-Bretagne, l'introduction de protéines en provenance de ruminants dans les aliments destinés aux ruminants a été interdite depuis juillet 1988. Il est prévu que, s'il n'existe pas de transmission de ruminant à ruminant, l'incidence de la maladie diminuera en 1992 et s'annulera en 1996. Un cas sur près de 29.000 peut avoir été dû à une transfusion maternelle. Cependant dans une étude en cours de 316 descendants de cas de BSE et de 316 descendants de témoins, aucun cas de BSE n'est apparu pour l'instant. Si la transmission in utero survenait chez tous les descendants des vaches atteintes (hypothèse tout à fait probable compte tenu des connaissances actuelles), l’incidence de la BSE continuerait à diminuer mais la courbe de l’épizootie se terminerait dans les premières années du XXIème siècle.
Compte-tenu des enseignements tirés de l'évolution de la BSE en Grande-Bretagne, et dans les autres pays où elle a été identifiée, les auteurs ont évalué les risques propres à la situation française. Les sources exogènes (farines de viande et d'os et animaux importés de Grande-Bretagne) constituent les principales, sinon les uniques sources potentielles de la maladie en France. On pouvait donc supposer que la maladie s'exprimerait en France sous forme de cas sporadiques avec une très faible incidence annuelle comme en Irlande. Le réseau d'épidémiosurveillance mis en place en France dès la fin décembre 1990 a permis d'identifier le premier cas de BSE en février 1991. Fin mai 1991, quatre cas avaient été identifiés. Ils concernaient tous des vaches laitières âgées de 4, 5 à 6 ans ayant montré une évolution clinique conforme aux descriptions antérieures.
Présentation du premier cas clinique d'encéphalopathie spongiforme bovine, et de l'analyse des hypothèses épidémiologiques.
ARTICLES D'ÉPIDÉMIOLOGIE
La caractérisation antigénique des virus Influenza A H3N2 isolés du porc en France depuis 1984 a révélé l'existence de variations portant sur les deux antigènes de surface, l'hémagglutinine et la neuraminidase. Ces variations montrent que ces virus ont subi, à l'instar de ce que l'on observe chez l'homme, des mutations et une pression immunologique aboutissant à la modification de leurs antigènes d'enveloppe.
En production bovine laitière, les animaux élevés sont individuellement de grande valeur économique, de vie productive longue et, à tout moment, différents les uns des autres selon l'hérédité, l'âge, le stade physiologique, le niveau de production. Par ailleurs, l'influence de l'éleveur sur ses animaux est très marquée, notamment à travers la production fourragère, l'individualisation du rationnement, la gestion de la reproduction et de la production. Dans une enquête d'écopathologie, il existe ainsi deux niveaux d'analyse : l'animal et le troupeau. Le choix de l'individu statistique engendre des contraintes méthodologiques particulières. L'élevage bovin laitier se caractérise par une interaction complexe espace/temps qui suscite aussi plusieurs contraintes : dans l'espace, c'est la dualité du lieu de vie (pâturage/stabulation) avec un bâtiment d'élevage de plus en plus souvent ouvert sur le milieu extérieur et conçu pour que les vaches y circulent librement ; dans le temps, c'est l'enchevêtrement des cycles saisonniers, des cycles physiologiques de la vache laitière et des cycles d'activité de l'éleveur. Ces caractéristiques spatio-temporelles dont l'effet s'exerce à l'échelle de l'individu-vache et/ou du troupeau, présentent des combinaisons variables selon les systèmes d'élevage et les pathologies étudiées ; le tout induisant un ensemble de contraintes méthodologiques spécifiques de l'élevage bovin laitier.
Pendant la campagne de prophylaxie 1990-1991 de la brucellose bovine, des bovins ont présenté des réactions sérologiques positives dans une proportion tout à fait anormale de cheptels, en l'absence non seulement de toute manifestation clinique comme l'avortement, mais aussi de tout facteur de risque apparent de brucellose : ces réactions ont été par conséquent qualifiées d'atypiques. Une étude épidémiologique a été menée sur les données recueillies à la date du 15 mars 1991 dans les départements principalement concernés : 03, 12, 18, 19. 21, 23, 36, 42, 58, 63, 64, 71, 87, 89. L'ampleur du phénomène a été confirmée : 2163 cheptels ont été touchés, sur plus de 100 000 cheptels exposés au risque, soit 2,08 % (0,5 % à 6 % selon les départements) ; le taux de bovins atteints était de 3,62 % dans les cheptels affectés (1,7 % à 4,8 %) et de 0,10 % (de 0,02 % à 0,27 %) sur l'ensemble des 3,5 millions de bovins de ces départements. L'étude n'a pas permis de mettre en évidence de relation avec l'âge, le sexe, ou le type de production. Dans 65 % des cas, les réactions positives associent l'épreuve à l'antigène tamponné (E.A.T.) et la fixation du complément (F.C.), et dans 35 % elles ne concernent que l'E.A.T. 60 % des réactions sont devenues négatives lors d'un contrôle réalisé environ 1 mois (soit 59 % des cheptels) après le dépistage initial et 84 % (soit 78 % des cheptels) lors d'un contrôle supplémentaire un mois plus tard. Les caractéristiques de ces manifestations sont incompatibles avec les données classiques d'une infection par une Brucella sauvage. A l'inverse, elles sont consistantes avec l'hypothèse d'une infection croisée. Une surveillance appropriée de la prophylaxie sera mise en œuvre à l'occasion de la prochaine campagne.
INFORMATIONS
Les auteurs présentent les divers programmes d'enseignement de l'épidémiologie vétérinaire en Californie. Après une brève description du système universitaire californien, l'enseignement universitaire et post-universitaire offert à l'école vétérinaire de Davis, tout particulièrement le Master of Preventive Veterinary Medicine, est présenté. Les autres options offertes aux vétérinaires qui voudraient exercer une fonction en santé publique sont le Master of Public Health, le Master of Science, voire un PhD ou Doctorat en santé publique offerts par les diverses Ecoles de santé publique.