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Bernard Toma
Gilbert Jolivet
JOURNÉE AEEMA-EPITER du 13 mai 2004
M. Savey & Barbara Dufour
Les zoonoses sont des maladies infectieuses ou parasitaires, transmissibles entre l’homme et l’animal. Leur définition classique (OMS, 1959) ne correspond plus à l’évolution des connaissances et à leur perception contemporaine. Une nouvelle définition construite à partir de celles de Teufel et Hubalek est proposée. Les notions de réservoir et d’hôtes (hôte réservoir, hôte incident et hôte messager) sont précisées à la lumière des travaux d'Ashford dans le cadre de zoonoses. La variabilité des cycles épidémiologiques des zoonoses ainsi que celle des modes de transmission homme/réservoir et leurs conséquences sont illustrées, notamment au travers de la classification de Schwabe. Les différents paramètres qui permettent d’apprécier, chez l’homme et chez l’animal, l’importance des zoonoses sont analysés en particulier en ce qui concerne l’importance des zoonoses au sein des maladies transmissibles ainsi qu’au sein des toxi-infections d’origine alimentaire atteignant l’homme. Chez l’animal sont rappelées l’importance du statut juridique et celle de l’impact économique. Trois exemples de modification significative d’un cycle zoonotique classique (cow-pox, tuberculose à Mycobacterium bovis, neurocysticercose) illustrent l’intérêt d’une connaissance actualisée des cycles épidémiologiques pour la compréhension des relations homme/animal dans les zoonoses.
Isabelle Capek, Véronique Vaillant, Alexandra Mailles & Henriette de Valk
Pour évaluer l'impact des maladies d'origine alimentaire et des zoonoses non alimentaires sur la santé humaine et pour établir des priorités pour la surveillance, la prévention et le contrôle de ces maladies, l’Institut de veille sanitaire a coordonné deux études avec des méthodologies différentes : une définissant les priorités dans le domaine des zoonoses non alimentaires en 2000-2001 et l'autre étudiant la morbidité et mortalité dues aux maladies infectieuses d'origine alimentaire en France dans les années 1990. La première étude était un processus de hiérarchisation des zoonoses non alimentaires basée sur l’analyse par un groupe d’experts intervenant en santé publique humaine et vétérinaire. Cette analyse comportait des discussions en groupe, des évaluations individuelles et le recours à des experts extérieurs si nécessaire. Pour la seconde étude, le nombre de cas d’infections, de cas hospitalisés et de cas décédés a été estimé pour 23 agents à partir des différentes sources de données disponibles recensées. Pour chaque agent pathogène étudié, plusieurs estimations ponctuelles ont été obtenues par une méthode adaptée à la nature des données de chaque source et au pathogène étudié. Les estimations considérées comme les plus plausibles, sur la base de la connaissance du fonctionnement et du contenu des différentes sources de données, de la confrontation avec des données étrangères et après avis d’experts ont été retenues et présentées sous forme d’un "intervalle plausible" avec des estimations basses et hautes.
J-P. Ganière
Deux critères permettent de définir l’importance des zoonoses chez les animaux d’élevage : leur impact économique, la fréquence et gravité de la maladie qu’elles provoquent chez l’Homme. A quelques exceptions près, leur hiérarchisation montre qu’elles ne font pas partie majoritairement des maladies les plus préoccupantes (par leur impact direct ou indirect sur la santé ou les performances zootechniques des animaux) en élevage. Toutefois, le risque zoonotique (en particulier lorsqu’il est lié à l’alimentation) compromet de plus en plus, même en l’absence d’impact sur la santé des animaux, l’avenir économique des élevages. Au contraire, l’importance des maladies chez les animaux de compagnie, qu’il s’agisse ou non de zoonoses, est essentiellement liée à la valeur affective de ces derniers. A quelques exceptions près, les zoonoses ne figurent pas parmi les maladies cliniquement les plus importantes chez les espèces correspondantes et la plupart sont inapparentes (cryptozoonoses).
Barbara Dufour & M. Savey
Le plus souvent, la lutte contre les zoonoses a pour objectif la protection de la santé publique. Le niveau et les modalités d’action doivent dépendre, d’une part, des conséquences de la maladie chez l’homme (gravité et fréquence) et, d’autre part, des éléments d’épidémiologie analytique propres à chaque zoonose. Il est donc essentiel de bien connaître, les réservoirs, les sources, les modalités de transmission ainsi que la réceptivité de l’hôte humain pour chaque zoonose. Finalement, les différentes actions de lutte sont extrêmement variables : elles peuvent consister en une lutte contre les réservoirs ou les hôtes messagers (quand ils existent), une lutte contre le vecteur quand il existe ou une lutte (hygiénique ou médicale) chez l’homme. Le plus souvent, la lutte fait appel à différents moyens combinés, propres à chaque maladie.
H. Bourhy, Virginie Bruyère-Masson, Alexandra Mailles & F. Moutou
L’épidémiologie de la rage en France a considérablement changé ces dernières années. L’étude du système de contrôle de la rage mis en place tant du côté vétérinaire que du côté humain ainsi que son évolution en réponse aux modifications épidémiologiques constituent donc un modèle d’étude des critères conditionnant le succès d’un système de lutte contre une zoonose.
R. Houin
La fasciolose humaine est une maladie grave, devenue peu fréquente du fait de la prévention collective. Bovins et ovins sont les réservoirs classiques du parasite. Les larves infectieuses s’enkystent sur un support végétal, ingéré par l’hôte définitif : le cresson est le principal pour la contamination humaine. La surveillance des cultures commerciales est définie par le règlement sanitaire départemental, mal respecté, comme le montre la survenue d’épidémies. Les cressonnières doivent être protégées contre les entrées d’effluents d’élevages, et les pullulations de Limnées potentiellement vectrices. Un rongeur importé, le ragondin, bouleverse ces données du fait de sa réceptivité. Il suffit à lui seul à maintenir la transmission aux ruminants. Mais surtout, il aggrave le risque de transmission à l’homme. La prévention de ce risque nécessite une application rigoureuse de la réglementation, la destruction des ragondins et le dépistage des mollusques hôtes intermédiaires.
S. Zientara, B. Durand & Alexandra Mailles
Le virus West Nile a été isolé en 2000 et en 2003 dans le sud de la France. Les moyens de lutte contre cette infection nécessitent une étroite collaboration entre les acteurs de la santé humaine et vétérinaire. Les différents partenaires ainsi que la nature des liens qu’ils entretiennent sont présentés.
Barbara Dufour
COMMUNICATIONS DU 14 MAI 2004
P. Hendrikx & Barbara Dufour
Les indicateurs de performance sont des outils quantitatifs de vérification du bon fonctionnement de réseaux de surveillance épidémiologique. Ils sont utilisés par les animateurs pour le pilotage du réseau en continu. L’élaboration des indicateurs suit une démarche méthodique qui se déroule en cinq étapes : (i) la description de l’environnement et du fonctionnement du réseau, (ii) la détermination des objectifs prioritaires des activités du réseau, (iii) la construction des tableaux de bord et des indicateurs de performance, (iv) la mise en place et le suivi du système, (v) l’audit et la mise à jour des indicateurs de performance. A la manière d’une démarche qualité, l’élaboration d’indicateurs de performance est avant tout une démarche interne qui nécessite une décision stratégique, la prise en charge de ce travail d’élaboration par une personne qualifiée et l’implication de l’ensemble des acteurs de la surveillance épidémiologique. Elle est en cela une démarche très structurante pour les réseaux.
L. Plée
Cette étude démontre que le modèle Harvard (HM) envisage exclusivement les conséquences de l’importation d’infectivité ESB au sein des pays, soit par l’intermédiaire d’animaux en incubation, soit par des farines animales infectées par l’agent de l’ESB. En outre, sa flexibilité a permis d’identifier les principaux facteurs (appelés aussi facteurs de stabilité) qui protègent les différents pays de l’amplification et de la dissémination du prion au sein de leur population bovine. Au contraire, le GBR ne considère dans son fonctionnement que la possibilité qu’a un pays d’avoir importé le prion, à une période donnée, et ce uniquement d’un abord strictement qualitatif. Il semble que, pour évaluer le risque effectif lié à l’ESB, il faille associer à la fois les aspects quantitatifs et qualitatifs de ces deux modèles, leur utilisation séparée ne permettant que d’aborder une des facettes limitées de l’évaluation du risque.
Ş. Nicolae & A. Stoichici
Dans la faune sauvage, les zoonoses sont contrôlées par des programmes de dépistage systématique. Elles représentent une préoccupation continue pour les services vétérinaires. La trichinellose et la rage sont des maladies fréquemment rencontrées dans la faune sauvage. En Roumanie, la rage évolue spécialement chez les animaux sauvages comme le renard et le loup.
Anna Alba, A. Allepuz, D. Sanchez-Cabré & J. Casal
Dans ce travail, nous réalisons une étude épidémiologique descriptive de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) en Catalogne et nous concevons un modèle préliminaire de prédiction fondé sur les données disponibles depuis l’année 2001 jusqu’en septembre 2004. Les données qui ont été utilisées pour la réalisation de ce travail ont été obtenues à partir du Programme intégré de surveillance et de contrôle des encéphalopathies spongiformes en Catalogne établi depuis 2001. A partir de l’étude descriptive, nous concluons que la proportion de sujets positifs en Catalogne a été de cinq cas pour 10.000 bovins soumis à la recherche; parmi ces animaux soumis au test, la proportion de bovins susceptibles d’être infectés cliniquement est très basse si on la compare avec celle d’autres pays, tandis que la proportion de cas positifs et d’animaux soumis à la recherche morts dans l’exploitation a augmenté entre 2001 et 2003. En ce qui concerne les caractéristiques de race et d’âge des cas positifs, la majorité des cas positifs sont de race frisonne et la moyenne d’âge est de 6,7 ans. A partir du modèle prédictif, on peut estimer qu’en Catalogne d’autres cas d’ESB apparaîtront encore jusqu’à l’année 2009, mais qu’ils présenteront une tendance décroissante à partir de l’année 2004.
ARTICLES D'ÉPIDÉMIOLOGIE
J-J. Bénet, Laure Weber, J. Thonnat, Barbara Dufour, F. Roger & B. Toma
L’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort et le Cirad-Emvt ont souhaité construire, en partenariat, une offre de formation à distance par Internet sur les bases de l’épidémiologie animale en langue française. Pour ce faire, ils ont décidé la mise en place d’une étude d’opportunité visant à définir les besoins du marché en France et en Afrique francophone. Une première enquête par entretiens semi-directifs a été conduite sur 36 personnes, sur 51 contactées, choisies empiriquement parmi différents groupes professionnels concernés par l’épidémiologie. Une deuxième enquête par questionnaire (questions fermées ou ouvertes) a ensuite été réalisée sur 51 personnes en France (11 de Directions départementales des Services vétérinaires, 15 vétérinaires praticiens adhérents du Groupement technique vétérinaire et 24 employés de Groupement de défense sanitaire du bétail) et sur 14 vétérinaires africains, participant pour la plupart à un programme d’épidémiosurveillance. Les résultats ont confirmé l’importance des besoins et la pertinence d’une nouvelle offre de formation à distance, qui pourrait être déclinée selon différentes modalités. La mise à disposition d’un produit de formation commun mais doté d’une gamme d’outils diversifiée dans ce domaine permettrait de satisfaire les professionnels de la santé animale français et ceux issus de pays d’Afrique francophone tout en répondant aux attentes spécifiques de certains.
B. Toma, J-J. Benet & Barbara Dufour
Les quatorze personnes ayant terminé la session 2004 d'apprentissage à distance sur les bases en épidémiologie animale ont été interrogées à l'aide de deux questionnaires sur leur niveau d'atteinte des objectifs d'apprentissage de cette formation ainsi que sur leur degré de satisfaction ou d'insatisfaction. Les résultats varient beaucoup en fonction des apprenants. En ce qui concerne l'atteinte des objectifs d'apprentissage exprimée par les répondants, la moyenne est passée de 8,6/20 avant la formation à 16,1/20 après. L'éventail du gain résultant de la formation va d'un niveau nul (pour un apprenant) à une atteinte totale des objectifs. En matière de satisfaction /insatisfaction, la moyenne du groupe est de 14,8/20, avec des extrêmes de 9,9/20 et de 20/20. Diverses difficultés ont été identifiées ainsi que des propositions d'amélioration qui seront mises à profit pour la préparation de la session 2005.
HISTOIRE
M. Plommet, A. Blandin, Barbara Dufour & B. Toma
La fédération nationale des groupements de défense sanitaire du bétail (FNGDSB) a mis en place en 1979 une Commission scientifique destinée à l'éclairer et à la conseiller. Cette commission, composée de sept scientifiques et de représentants de la FNGDSB, s'est réunie 19 fois entre 1979 et 1996 et a abordé de nombreuses questions d'actualité, notamment en pathologie infectieuse : rhino-trachéite infectieuse bovine, leucose bovine enzootique, paratuberculose, salmonellose, avortements, fièvre aphteuse, rage, tuberculose, etc. Elle a, à plusieurs reprises (fièvre aphteuse, rage, tuberculose, ...) anticipé et préparé l'évolution de la règlementation sanitaire. Son histoire illustre bien l'étroitesse de la frontière entre l'expertise scientifique collègiale et la gestion du risque.