Dufour Barbara
 
JOURNÉE AEEMA - 25 MARS 2016 : COMMUNICATIONS ORALES
 
Amat Jean-Philippe, Vergne Timothée, Tapprest Jackie, Ferry Bénédicte, Hans Aymeric, Hendrikx Pascal, Dufour Barbara & Leblond Agnès
L’artérite virale équine (AVE) est une maladie pouvant avoir un impact sanitaire et économique potentiellement important en filière équine. Pour cette raison, elle est surveillée dans plusieurs pays, en particulier chez les équidés reproducteurs pour éviter sa diffusion au cours de la monte. En France, cette surveillance repose essentiellement sur des tests sérologiques annuels (test de neutralisation virale) mais l’interprétation de certaines séries de résultats s’avère complexe, rendant difficile l’estimation du nombre de foyers. Dans cette étude, nous proposons des règles d’identification de la séroconversion afin d’estimer le nombre de foyers d’AVE qui ont été détectés par le dispositif de surveillance des reproducteurs (DSR) en France entre 2006 et 2013. Ces règles ont été définies par un groupe d’experts réunissant des épidémiologistes et des spécialistes de la maladie et de son diagnostic. Ainsi, a été considéré comme séroconversion tout passage d’un résultat négatif à un titre en anticorps au moins égal à 32, et toute augmentation d’un facteur huit ou supérieur du taux d’anticorps (i.e. augmentation d’au moins trois titres en anticorps). Ces règles ont permis d’identifier 239 cas et 177 foyers d’AVE détectés par le DSR sur la période considérée. La sensibilité du DSR a ensuite été estimée par le ratio entre le nombre de foyers détectés (177) et le nombre total de foyers apparus chez les reproducteurs (incluant les foyers non détectés), estimé par méthode de capture-recapture uniliste. Le nombre total de foyers a été estimé par une approche bayésienne à 215 (intervalle de crédibilité à 95 % ICr95 % = [195-249]) et la sensibilité de la surveillance à 82 % (ICr95 % = [71-91]). Ces travaux confirment la présence de l’AVE chez les équidés reproducteurs français et certains résultats suggèrent que plusieurs cas correspondent à des réinfections. Les règles spécifiques proposées pour l’identification des séroconversions pourraient être utiles pour d’autres études épidémiologiques afin d’estimer l’incidence de l’AVE dans d’autres parties de la population équine française. La surveillance de l’AVE chez les reproducteurs présente une bonne sensibilité et joue un rôle pertinent pour la maîtrise du risque de transmission au cours de la reproduction.
 
Merlin Aurélie, Chauvin Alain, Lehebel Anne, Brisseau Nadine, Froger Sébastien, Bareille Nathalie & Chartier Christophe
Une étude a été conduite sur 577 génisses de première saison de pâturage, réparties dans 24 groupes, avec comme objectif d’évaluer la combinaison d’indicateurs de conduite de pâturage de groupe et du gain moyen quotidien de poids (GMQ) individuel pour identifier, en fin de saison de pâturage, les groupes/animaux qui nécessitent d’être traités contre les strongles gastro-intestinaux (SGI). La première étape a consisté à définir rétrospectivement, via des indicateurs de conduite de pâturage, deux niveaux prédéfinis d’exposition des groupes avec les SGI (faible/fort) déterminés par le niveau d’anticorps anti-Ostertagia (ELISA-Ostertagia). La meilleure classification a été obtenue avec un système expert (Parasit’Sim) modélisant le niveau de contamination des parcelles (NCP) par les larves d’O. ostertagi, avec seulement 8 % de mal-classés. Ce système expert compile des données de conduite (rotations de parcelles, supplémentation) avec des données météorologiques. Des retards individuels de croissance dus à l’exposition avec les SGI (ELISA-Ostertagia) ont uniquement été observés dans les groupes fortement exposés (NCPfort : ≥ 3 générations larvaires). Dans ces groupes, la sensibilité et spécificité de seuils de traitement basés sur le GMQ individuel ont été calculés pour différents seuils d’exposition (ELISA-Ostertagia individuel) pouvant affecter la croissance. Le meilleur compromis entre sensibilité/spécificité (76 %/56 %) a été obtenu en utilisant un seuil de GMQ de 683 g/j pour détecter les animaux, souffrant de l’exposition, au-dessus d’un seuil d’ELISA-Ostertagia de 0,93. Ce seuil de GMQ correspond à un traitement anthelminthique (AH) de 50 % des animaux et permet de conserver une population parasitaire refuge chez les animaux non traités (population de parasites non exposés aux AH). Ainsi, un traitement ciblé sélectif chez des génisses de première saison de pâturage basé sur la combinaison d’indicateurs de conduite et de GMQ semble réalisable à la rentrée, en acceptant le fait que certains animaux probablement fortement parasités (ELISA-Ostertagia élevé) ne seront pas traités car ils présentent un GMQ satisfaisant (animaux résilients).
 
Vercellino Davide, Bona Maria Cristina, Aiassa Eleonora & Ru Giuseppe
Dans de nombreuses régions italiennes, l'élevage des ovins accuse encore un retard de développement ; par suite, des informations sur les problèmes existants pourraient être utiles pour orienter des interventions de soutien. Pendant l'année 2014 et dans le contexte d'une recherche sur la tremblante, nous avons mené une enquête sur la gestion des élevages, pour identifier les problèmes sanitaires qui préoccupent les éleveurs et les postes de coûts qu’ils jugent pénalisants. Les éleveurs impliqués ont été choisis par un échantillonnage aléatoire et un questionnaire testé et standardisé a été administré par le biais d'interviews téléphoniques. Le taux de réponse a été de 60 % (286 éleveurs éligibles contactés et 172 répondants) et la durée moyenne de l'interview a été de 22 minutes. Des interventions de santé vétérinaire visant à lutter contre les causes de mortalité et d’infertilité seraient particulièrement appréciées par les éleveurs ; de même, une formation ciblée sur les bonnes pratiques de gestion agricole pourrait être utile. En outre, des mesures économiques ou sanitaires devraient être prévues pour faciliter l'élimination des animaux morts.
 
Ginhoux Mathilde, Morignat Éric, Bronner Anne & Calavas Didier
Dans un contexte de maîtrise satisfaisante des maladies animales présentes sur le territoire, la surveillance des maladies exotiques est devenue un enjeu essentiel. Pourtant, leur absence et la multiplicité des manifestations cliniques associées compliquent leur reconnaissance par les vétérinaires de terrain, pourtant indispensable aux dispositifs de surveillance de type évènementiel. Ainsi, l’idée de créer un outil d’aide au diagnostic (OAD) à destination des vétérinaires, qui pourrait faciliter l’émission de suspicions et donc renforcer la surveillance évènementielle, a été émise. Un premier prototype appliqué aux maladies des ruminants domestiques a été développé. Sa construction a permis d’identifier les limites d’applicabilité de ce genre d’outil ainsi que les étapes de développement nécessitant un approfondissement important. Par ailleurs, l’insertion de l’OAD dans le schéma global de surveillance des maladies animales a permis de mettre en évidence d’autres utilisations possibles des données produites en utilisant l’OAD, comme la mise en place d’une surveillance syndromique.
 
Michelet Lorraine, de Cruz Krystel, Phalente Yohann, Bulach Tabatha, Karoui Claudine, Hénault Sylvie & Boschiroli Maria Laura
La surveillance de la tuberculose bovine (bTB) est en partie fondée sur la détection, lors de l’inspection à l’abattoir, de lésions évocatrices de tuberculose qui sont prélevées et envoyées à un laboratoire agréé pour un diagnostic par bactériologie, histopathologie (méthodes officielles selon la Directive UE 64-432) et par PCR. L’histopathologie est une méthode plus sensible que la bactériologie mais d’une spécificité moindre. Dans une étude récente nous avons démontré que la méthode PCR, employée en France à l’heure actuelle, possède une sensibilité équivalente à l’histopathologie avec une spécificité équivalente à la bactériologie. Nous présentons ici une étude rétrospective portant sur des prélèvements réalisés sur 170 bovins présentant des lésions suspectes de tuberculose et sur lesquels l’histologie est évocatrice de tuberculose alors que la recherche par PCR est négative. Ces analyses ont été réalisées entre 2013 et 2015. Des analyses moléculaires supplémentaires sur ces prélèvements à résultats discordants entre l’histologie et la PCR ont permis de mettre en évidence la présence de bactéries qui seraient responsables de ces lésions : des mycobactéries non tuberculeuses (22 %), des actinomycétales (57 %), telles que Rhodococcus equi (53 %) ; 23 % étaient négatives. Aucun de ces échantillons n’a donné de culture positive pour M. bovis au bout des trois mois réglementaires. En conclusion, l’utilisation de la PCR en première intention permet de simplifier et d’accélérer le processus du diagnostic de la bTB et de lever rapidement nombre de suspicions générées à la suite de la déclaration de lésions évocatrices de tuberculose à l’abattoir.
 
Watier-Grillot Stéphanie, Chammam Kaouther, Pommier de Santi Vincent, Manet Ghislain, Mayet Aurélie, Lamand Régis, Merens Audrey, Ficko Cécile, Marié Jean-Lou, Michel Rémy & Bédubourg Gabriel
Les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) constituent un problème de santé publique majeur dans les armées françaises. Il est nécessaire d’enquêter sur ces événements, afin de mieux en connaître l’épidémiologie et d’en améliorer la prévention. Un bilan des investigations des TIAC survenues dans les armées entre 1999 et 2013, a été effectué. Il révèle notamment qu’un agent étiologique a été isolé dans environ un tiers des investigations. Cette faible proportion, similaire à celle observée en milieu civil, s’explique par plusieurs difficultés dont la plupart sont accentuées hors métropole. Ce bilan amène à plusieurs réflexions visant à améliorer la prévention et à faire évoluer les modalités d’investigation des TIAC au sein des armées.
 
ARTICLES D’ÉPIDÉMIOLOGIE
 
Rivière Julie, Le Strat Yann, Hendrikx Pascal & Dufour Barbara
La tuberculose à Mycobacterium bovis est une maladie commune aux animaux de rente et aux animaux sauvages, caractérisée par des impacts sanitaires, économiques et zoonotiques. En 2011, un dispositif de surveillance de la tuberculose dans la faune sauvage, nommé Sylvatub, a été mis en place, avec comme objectifs de détecter des cas, suivre l’évolution de la tuberculose dans la faune sauvage et d’harmoniser la surveillance à l’échelle nationale. Ce dispositif repose sur plusieurs composantes, événementielles et programmées, appliquées selon une analyse de risque locale. L’efficacité du dispositif Sylvatub a été évaluée de manière quantitative à travers l’estimation de sa sensibilité (probabilité de détecter au moins un cas de tuberculose si la maladie est présente dans la zone à une prévalence donnée), par espèce et niveau de risque du dispositif en utilisant la méthode des arbres de scénarios. Parmi les composantes de surveillance événementielle, la surveillance par examen de carcasse présente une meilleure sensibilité que la surveillance par le réseau Sagir, en raison d’une probabilité d’inclusion et de détection des individus plus élevée. La surveillance programmée présente également une bonne sensibilité collective, car elle dépend de peu de facteurs environnementaux ou humains, mais elle n’est appliquée que dans certains départements. Enfin, les résultats ont montré qu’il semble important de continuer la surveillance sur le sanglier, espèce très réceptive à M. bovis.
 
Barberet Céline & Dufour Barbara
La métrite contagieuse équine (MCE) est une maladie bactérienne contagieuse, principalement lors de la reproduction des équidés. Même si sa prévalence est probablement très faible, c’est une maladie insidieuse dont on ne connait pas la réelle importance en France, au sein de la population des équidés. La réglementation de la métrite contagieuse équine a beaucoup évolué. À l’heure actuelle, elle est classée dans la liste des dangers de deuxième catégorie. De 1977 à 2015, le nombre annuel de cas déclarés de métrite contagieuse est passé d'une centaine à zéro. La première partie de cet article permet d'étudier cette évolution et les effets des différents changements de réglementation en1981, 1992, 2006 et 2012. Dans une deuxième partie, sont exposés les résultats d’une enquête conduite auprès des intervenants de la filière pour mesurer leurs perceptions de ce problème sanitaire. Deux études ont été menées en parallèle : d'une part, auprès des éleveurs via un questionnaire en ligne et, d'autre part, auprès des acteurs de la filière via des interviews. L’incidence réelle de cette maladie n’est pas connue à l'heure actuelle car elle n'est pas dépistée sur tous les équidés en France.
 
HISTOIRE
 
Toma Bernard, Bénet Jean-Jacques & Dufour Barbara
L’enseignement des maladies contagieuses animales et de la police sanitaire a commencé à l’École vétérinaire d’Alfort dès sa création, à une époque où les plus graves d’entre elles étaient fréquentes et facilement observables en France : peste bovine, morve, péripneumonie contagieuse bovine, rage, fièvre charbonneuse, etc. Les connaissances sur leur étiologie étaient encore rudimentaires en cette période précédant d’un siècle les découvertes pasteuriennes. Cet enseignement, à l’origine inclus indistinctement dans celui des « maladies », fut individualisé règlementairement en 1824 et développé à partir de 1833 par Onésime Delafond (1805-1861), « un des plus grands noms de la médecine vétérinaire française », d’après Neumann. Il revint ensuite à Edmond Nocard (1850-1903), vétérinaire membre de l’équipe pasteurienne, de participer à la moisson de découvertes sur les maladies animales transmissibles majeures et de faire connaître dans le monde entier son nom et celui de l’École d’Alfort, ainsi que le résultat de ses travaux. Au XXe siècle, cet enseignement a bénéficié de l’accroissement progressif considérable des connaissances et des capacités de production d’outils de dépistage et de diagnostic ainsi que d’armes immunologiques. Il a évolué parallèlement à l’amélioration de la situation épidémiologique de ces maladies, de façon à privilégier l’épidémiologie, notamment la surveillance épidémiologique, et les mesures défensives de gestion et de prévention du risque.
 
JOURNÉE AEEMA - 25 MARS 2016 : COMMUNICATION AFFICHÉE
 
Le Bouquin Sophie, Hamon Manon, Scoizec Axelle, Niqueux Eric, Schmitz Audrey, Briand François-Xavier, Fediaevsky Alexandre, Calavas Didier, Hendrikx Pascal, Bronner Anne & Huneau-Salaün Adeline
Depuis fin novembre 2015, le Sud-Ouest de la France est confronté à un épisode d’influenza aviaire hautement pathogène d’une ampleur exceptionnelle, sans précédent en France, et touchant essentiellement la filière de production des palmipèdes à foie gras. Des virus influenza, très proches génétiquement pour leurs séquences H5 et appartenant à au moins trois sous-types de neuraminidases différentes, ont été caractérisés dans les 74 foyers identifiés à la date du 29 février 2016. Au-delà des zones de protection et de surveillance mises en place autour de chaque foyer, une grande zone de restriction englobant la totalité du bassin de production des palmipèdes à foie gras a été mise en place, dans laquelle des mesures spécifiques doivent être appliquées. Cet article décrit les principales caractéristiques de l’épisode puis s’intéresse à la stratégie de surveillance mise en place au niveau national. Un nombre important d’acteurs y contribuent, rendant nécessaire la mise en place d’un dispositif structuré et centralisé des informations, point clé pour assurer un suivi de la qualité et des résultats de la surveillance.
 
INFORMATION
 
Bénet Jean-Jacques, Rivière Julie, Garin Emmanuel & Dufour Barbara