Chaque mois, un membre de l’AEEMA met en avant un article scientifique de son choix. photo AEEMA

Ce mois-ci, Valentine Poirier, doctorante au sein de l'unité de recherche EpiMAI de l'École Nationale Vétérinaire d'Alfort, vous propose l’article « The intractable challenge of evaluating cattle vaccination as a control for bovine tuberculosis » écrit par Andrew James Kerr Conlan et al. et publié dans eLife en 2018.

Cet article est disponible ici.

Pouvez-vous nous résumer brièvement l’article ?

Le Royaume-Uni, où la tuberculose bovine persiste malgré la mise en place de mesures de surveillance et de lutte couteuses, envisage la vaccination des bovins et/ou des blaireaux comme un outil potentiellement complémentaire à ces mesures. Mais, avant de la mettre en place, des études de terrain sont nécessaires pour mettre en évidence son éventuel effet bénéfique dans la lutte contre la tuberculose bovine. L’objectif est d’aller plus loin que la preuve d’une efficacité vaccinale individuelle : il faut montrer à travers ces études que l’utilisation de la vaccination pourrait permettre de diminuer le taux de transmission de l’infection. Dans cet article, les auteurs utilisent un modèle de transmission intra-troupeau pour estimer les tailles d’échantillons nécessaires à la mise en évidence sur le terrain, dans le contexte épidémiologique du Royaume-Uni, d’un éventuel effet bénéfique de la vaccination des bovins par le BCG. Cette étude suggère que l’évaluation de l’effet protecteur individuel serait possible sur le terrain en menant un essai sur 100 troupeaux pendant 3 ans mais que plus de 500 troupeaux seraient nécessaires à mettre en évidence un bénéfice économique pour les éleveurs. Par ailleurs, les auteurs soulignent que le taux d’attaque faible et variable de l’infection dans les troupeaux de Grande-Bretagne implique qu’il est peu probable que des études de terrain permettent de mettre en évidence, même s’il existait, un effet bénéfique sur la transmission même, suggérant que les recommandations de l’EFSA pour l’autorisation de l’utilisation du BCG serait alors impossibles à satisfaire quel que soit l’effet réel de la vaccination. Les auteurs suggèrent alors d’utiliser une étude expérimentale de transmission naturelle qui permettrait, en incluant seulement 200 animaux, d’évaluer de façon robuste à la fois l’efficacité et le mode d’action de la vaccination des bovins par le BCG.

Pourquoi avoir choisi de mettre en avant cet article ?

L’utilisation de modèles de transmission dynamique pour évaluer les effets directs et indirects de la vaccination y est développé, fournissant une illustration édifiante d’une possible utilisation de ce type de modèle, tout en en discutant les limites. L’impact que pourrait avoir l’utilisation du BCG en complément de la politique de dépistage/abattage y est discuté ainsi que les protocoles d’études qui seraient nécessaires pour l’objectiver, apportant des éléments de réflexion intéressants sur l’éventuel intérêt de mener ces études afin d’appuyer une demande auprès de l’Union Européenne d’autorisation de l’utilisation du BCG sur les bovins.

Y a-t-il des points abordés dans l’article qui vous ont laissé perplexe ou que vous auriez aimé voir plus développés ?

Aucun.

 

Merci à Valentine Poirier ( Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.) pour sa contribution.

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A noter qu’il n’y a pas de comité de lecture pour cette rubrique et que le contenu n’engage que le contributeur du mois.