Chaque mois, un membre de l’AEEMA met en avant un article scientifique de son choix. Photo Id Aurélie

Ce mois-ci, Aurélie Courcoul, chargée de projet de recherche au laboratoire de santé animale de l’Anses de Maisons-Alfort, vous propose « Antimicrobial resistance in humans, livestock and the wider environment» écrit par Mark Woolhouse et ses collaborateurs et publié dans les « Philosophical Transactions of the Royal Society B » en 2015.

Cet article est disponible ici.

Pouvez-vous nous résumer brièvement l’article ?

Ce papier commence par présenter les différentes populations de bactéries (bactéries de la flore digestive usuelle, bactéries du sol, bactéries pathogènes chez les animaux d’élevage, etc.) qui possèdent des gènes de résistance, dont des gènes homologues aux gènes de résistance aux bactéries pathogènes pour l’Homme. Il met ainsi en avant l’étroite relation existant entre la résistance aux antimicrobiens chez l’Homme, les animaux d’élevage et l’environnement. Par la suite, il pointe l’insuffisance des connaissances concernant le sens de la transmission de la résistance entre populations humaines et animales et illustre l’intérêt du séquençage complet du génome bactérien et des analyses phylogénétiques dans la compréhension des facteurs influençant la transmission, l’apparition ou la perte de la résistance. Il présente ensuite quelques pistes de réflexion pour améliorer la surveillance et le contrôle de la résistance aux antimicrobiens en élevage. Pour conclure, il plaide pour la mise en place d’un Groupe d’experts intergouvernemental sur la résistance aux antimicrobiens, à l’instar du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Pourquoi avoir choisi de mettre en avant cet article ?

Ce papier est une courte revue de la littérature sur un sujet d’actualité, la résistance aux antimicrobiens et plus particulièrement aux antibiotiques. N’étant pas une experte du domaine, j’ai pris conscience en le lisant de la complexité des mécanismes impliqués dans la transmission de la résistance. En effet, elle peut se faire non seulement par mouvements de bactéries mais aussi par mouvements d’éléments génétiques mobiles et implique de multiples populations bactériennes omniprésentes dans l’environnement. J’ai donc apprécié l’approche d’écologie de la santé développée ici pour traiter d’un sujet souvent restreint aux interactions entre populations bactériennes des hommes et des animaux d’élevage. Les exemples présentés dans la section « Evidence from sequence data » m’ont également intéressé car ils permettaient une quantification et une comparaison de la fréquence de transmissions de gènes de résistance dans le sens hommes=>animaux d’élevage et dans le sens animaux d’élevage=>hommes. Enfin, la comparaison de la problématique de la résistance aux antimicrobiens avec celle du changement climatique m’a paru pertinente, ces deux problématiques étant mondiales et trans-sectorielles.

Y-a-t-il des points abordés dans l’article qui vous ont laissé perplexe ou que vous auriez aimé voir plus développés ?

La section sur la surveillance et le contrôle de la résistance aux antimicrobiens en élevage aurait pu être davantage développée. Les auteurs plaident pour une surveillance des niveaux de résistance dans les populations humaines et animales à une échelle supra-nationale et ne mentionnent par exemple pas les rapports ECDC-EFSA sur la résistance aux antibiotiques pour certaines bactéries zoonotiques collectées chez l’Homme, les animaux d’élevage et les aliments. De même, les stratégies de réduction de l’usage des antibiotiques en élevage ne sont que très succinctement énumérées.

 

Merci à Aurélie Courcoul ( Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.) pour sa contribution.

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A noter qu’il n’y a pas de comité de lecture pour cette rubrique et que le contenu n’engage que le contributeur du mois.