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Éditorial
Barbara Dufour
 
JOURNÉE D'ÉPIDÉMIOLOGIE AESA - AEEMA, 18 mai 2006 : LA GRIPPE AVIAIRE
 
F. Moutou
Le véritable emballement de l'épizootie de grippe aviaire date de l'été 2005 quand l'épizootie a quitté ce qui semblait être son berceau d'origine. C'est à ce moment là que certaines questions liées à l'évaluation des risques de diffusion ont été reposées. Comme il ne s'agit pas d'une maladie nouvelle, les autorités concernées et les scientifiques connaissaient déjà un certain nombre d'éléments essentiels pour pouvoir faire face aux risques associés. Les possibilités de circulation des virus Influenza dépendent de deux sources majeures, les oiseaux domestiques et leur commerce d'une part, les oiseaux sauvages et leurs déplacements, dont les migrations, d'autre part. Une bonne maîtrise sanitaire au niveau de ces deux compartiments permet, en théorie, de faire face aux risques d'épizootie. La présence de virus Influenza dans la faune sauvage n'est pas nécessairement synonyme de foyers en élevage. A côté de la circulation de la souche H5N1HP asiatique ces dernières années, il existe tout un ensemble d'autres souches d'Influenzavirus faiblement pathogènes qui pourraient, elles aussi, acquérir un niveau de pathogénicité supérieur. Cela pose la question de la cohabitation possible des diverses souches virales chez les oiseaux et de la bonne identification du réservoir de l'épizootie actuelle. Si les oiseaux sauvages semblent bien représenter le réservoir naturel des virus Influenza, il semble plutôt que le réservoir du virus H5N1HP souche asiatique se trouve chez les oiseaux domestiques. Typer les souches virales n'a de sens que si les espèces d'oiseaux correspondantes sont également correctement identifiées. L'évaluation des risques d'épizootie a surtout consisté à essayer de comprendre les déplacements des diverses catégories d'oiseaux à partir du moment où il devenait apparent que le contrôle des foyers en élevage dans certains pays touchés ne permettait pas d'envisager une élimination rapide du virus. Le rôle respectif du commerce des oiseaux d'élevage et des déplacements des oiseaux sauvages est encore discuté. L'analyse de la dispersion des foyers en Russie, en Turquie et en Afrique semble plutôt pointer vers le commerce des oiseaux domestiques. Cette épizootie aura au moins eu le mérite de rappeler qu'il existe de nombreuses façons différentes d'élever des oiseaux, pour des raisons commerciales, de subsistance, familiale, d'ornement, de loisir,... et que chaque pratique aboutit à une perception et à un niveau de risque différents. Quand plusieurs pratiques cohabitent, la gestion n'en est que plus complexe. Le commerce de la viande de volailles et de tous les sous-produits de l'élevage est aussi à prendre en compte alors que la production des volailles et les circuits commerciaux associés se développent, sans doute plus rapidement que les systèmes de surveillance et de contrôle. La mondialisation est clairement déjà une réalité.
 
P. Goubau
Du point de vue de la médecine humaine et de la santé publique, la grippe aviaire à virus influenza A H5N1 est source de deux inquiétudes. D'une part, il y a les cas d'infections sporadiques de l'homme à partir d'un réservoir aviaire avec une très forte létalité. D'autre part, on craint la survenue d'une pandémie à partir de l'introduction d'un virus tel que le H5N1 dans la population humaine, soit directement après des adaptations mineures, soit après réassortiment avec un autre virus. Actuellement, c'est la grippe saisonnière annuelle qui constitue le problème majeur en médecine humaine, entraînant chaque année de 800 à 1500 morts dans un pays comme la Belgique. La grippe aviaire ne constitue pour l'homme qu'un accident sporadique, mais tragique.
 
Isabelle Bonmarin
La gestion du risque de la grippe humaine d'origine aviaire est présentée sous trois axes : gestion des populations exposées, gestion des cas et mesures collectives. Cette présentation développe plus particulièrement les points concernant la surveillance et l'alerte, missions principales de l'Institut de veille sanitaire (InVS).
 
Audrey Simon, Delphine Doctrinal & D. J. Bicout
Réservoirs naturels de virus influenza A, les oiseaux sauvages sont susceptibles de transmettre ces virus aux oiseaux domestiques cibles à l'occasion de contacts. Au Nord - Est de Lyon dans le département de l'Ain, la zone humide de la Dombes à la fois héberge des élevages avicoles plein air et accueille chaque année de nombreux canards migrateurs, réunissant ainsi les conditions favorables au contact entre canards sauvages et volaille. L'objectif de ce travail est de modéliser le risque de contact en développant une méthode de calcul d'un indice de contact entre oiseaux sauvages et domestiques pour chaque élevage avicole de la région de la Dombes. Trois facteurs de risque d'importance décroissante ont été identifiés à partir de cartes représentant le risque de contact en période hivernale : la présence et la dispersion des canards sauvages, l'effet de l'environnement présent autour des élevages et l'effet des caractéristiques de l'élevage. A partir de ces résultats, les zones délimitées selon leur niveau de risque de contact semblent comparables à celles définies par les mesures réglementaires mises en place lors du foyer d'influenza aviaire en février 2006 en Dombes.
 
Mariette F. Ducatez, C.M. Olinger, A. A. Owoade, S. De Landtsheer, W. Ammerlaan, H.G.M. Niesters, A.D.M.E. Osterhaus, R.A.M. Fouchier & C.P. Muller
Le Nigéria est le premier pays africain à annoncer être touché par une souche hautement pathogène du virus de la grippe aviaire H5N1. Le virus a tout d'abord été détecté dans le Nord et il est maintenant signalé dans la moitié des Etats fédéraux nigérians. Nous comparons ici des séquences génétiques d'isolats de H5N1 provenant de deux élevages dans l'Etat de Lagos avec un isolat de la première épizootie signalée dans l'Etat de Kaduna. Malgré la proximité des deux élevages dans l'Etat de Lagos, ils ont été infectés par des virus de deux lignées différentes, toutes deux également distinctes de celle observée dans le Nord (Etat de Kaduna). Ces données appuient la thèse de l'introduction indépendante de trois lignées de H5N1. Cependant, la voie d'introduction des virus reste obscure puisqu'elle peut être expliquée par l'arrivée d'oiseaux migrateurs tout comme par importations commerciales indépendantes.
 
Ruth Hauser, E. Breidenbach, H. Schwermer & Katharina Stark
La propagation de l'influenza aviaire au-delà des limites de l'espace asiatique a rendu nécessaire une analyse des risques encourus par la production suisse de volaille. Les facteurs de risque, la probabilité d'une introduction et d'une propagation de la maladie en Suisse et les conséquences d'une infection ont été estimés sur la base des normes internationales en vigueur. L'importation illégale d'oiseaux domestiques et d'oiseaux sauvages a été identifiée comme voie d'introduction vraisemblable de la maladie. Alors que les oiseaux importés illégalement n'entrent que rarement en contact avec la volaille de rente, la propagation de l'infection par infection des oiseaux sauvages pourrait avoir des conséquences graves. Une surveillance intensive des populations d'oiseaux sauvages et une surveillance des exploitations avicoles basée sur les risques pourraient réduire le risque d'apparition d'une épizootie d'influenza aviaire.
 
Yolanda Vaz, T. Nunes, V. Almeida, M. Melo, Isabel Neto Fonseca, Sara Babo Martins, M. Bragança & A. Louza
L'épidémiovigilance de l'influenza aviaire (IA) au Portugal a commencé en 2003 avec une augmentation progressive du nombre de prélèvements testés. A partir de Janvier 2006, le projet EPIGRIPAVE aidé financièrement par la Fondation Calouste Gulbenkian est destiné à améliorer le réseau d' épidémiovigilance de l'IA. Le projet, proposé par la Faculté de médecine vétérinaire de Lisbonne, associe la Direction générale des services vétérinaires, le Laboratoire central de diagnostic vétérinaire, l'Institut pour la conservation de la nature et six institutions et entreprises publiques ou privées. L'objectif du Projet est de développer les activités en cours avec une attention particulière au plan d'échantillonnage de différentes sub-populations aviaires de mieux organiser la récolte, la transmission, le traitement et l'analyse des données et d'améliorer la gestion et la diffusion de l'information. Un effort significatif est fait pour la formation des acteurs de terrain, comme les praticiens et les vétérinaires d'Etat. Le programme de formation intègre la pratique de méthodes sans danger de récolte des prélèvements, la récolte et l'enregistrement des données et le développement de comportements ajustés à l'épidémiovigilance de l'IA. La modélisation de scénarios probables de dissémination de l'IA utilisera les données du réseau d'épidémiovigilance et des éventuelles études épidémiologiques spécifiques.
 
Cécile Squarzoni, P. Bastiaensen, Caroline Plante, N. Denormandie & B. Seck
L'apparition au cours du mois de janvier 2006, d'une forte mortalité dans une ferme avicole de pondeuses, au Nigeria, a marqué depuis le 7 février 2006, le début de la crise de la grippe aviaire sur le continent africain. L'Egypte puis le Niger en février, le Cameroun en mars, le Burkina Faso, le Soudan, la Côte-d'Ivoire en avril et Djibouti en mai, ont ensuite été touchés. L'épizootie progresse lentement en Afrique de l'Ouest et du Centre et menace aujourd'hui les élevages avicoles structurés et l'aviculture villageoise dans les pays de la sous région, voire sur l'ensemble du continent. Ces premiers mois de crise, suivis par les experts du Centre régional de santé animale FAO/OIE /PACE/UA-IBAR, ont permis de dégager des hypothèses préliminaires sur les modalités de diffusion du virus dans les pays déjà infectés et sa propagation dans la sous région. Le commerce des animaux et les mouvements de volailles vivantes semblent avoir joué un rôle non négligeable dans l'introduction de la maladie sur le continent et sa diffusion entre les pays, notamment à la faveur des mouvements illégaux. A contrario, la dissémination de la maladie et la multiplication des foyers dans les pays sahéliens ne paraissent pas suivre le même schéma qu'en Asie (mis à part les cas du Nigeria et de l'Egypte, pays à fortes concentrations de populations humaines et avicoles). Le rôle de l'avifaune dans la dissémination de la grippe aviaire n'a pas été jusqu'à présent mis en évidence, malgré les nombreux prélèvements réalisés dans le cadre du programme de la FAO avec le CIRAD. Il reste néanmoins envisagé, notamment pour les cas de grippe aviaire confirmés sur les canards sauvages au nord du Cameroun. Beaucoup d'incertitudes et de questions restent en suspens sur l'évolution de la grippe aviaire en Afrique et sur le comportement du virus en zones sahéliennes faiblement peuplées, avec de très fortes températures et une hygrométrie très faible. Les missions d'appui (FAO/IBAR/OIE) à la gestion de crise grippe aviaire, réalisées dans ces premiers pays infectés, ont permis d'identifier quelles étaient les principales entraves à la bonne exécution des mesures de contrôle et d'assainissement sur le terrain de la maladie chez les volailles. L'insuffisance structurelle de ressources humaines, de moyens financiers et opérationnels des autorités sanitaires pénalise en effet la rapidité des interventions sur le terrain. Cependant, les mesures d'interdiction de mouvements des volailles et la forte chute de consommation de poulets ont sensiblement réduit les flux de produits avicoles dans les pays infectés et ont permis pour l'instant d'éviter une large diffusion de la grippe aviaire à l'intérieur des pays, comme le Niger, le Burkina, le Cameroun. Les récents foyers confirmés officiellement en Côte-d'Ivoire (Avril), seront à suivre avec intérêt, compte tenu de la forte concentration de volailles dans la zone urbaine d'Abidjan et dans le pays. Le financement, principal facteur limitant des opérations de contrôle de la grippe aviaire hautement pathogène en Afrique a été à l'origine de retards importants dans la préparation à la crise et la gestion des premiers foyers enregistrés. A la vue de ces éléments, il est nécessaire que les pays africains mettent tous les moyens en oeuvre avant la crise pour être capables de contrôler et d'assainir les foyers de grippe aviaire le plus rapidement et efficacement possible.
 
Delphine Doctrinal, M. Artois, P. Sabatier & D. J. Bicout
La menace que constituait l'extension géographique des zones contaminées par le virus H5N1 hautement pathogène avait conduit les autorités à décider la mise en confinement des volailles dès le mois d'Octobre 2005. Ces mesures ont été prises dans le but de limiter les contacts entre avifaune sauvage et domestique. Notre objectif dans cet article est de fournir une estimation du risque d'exposition de la volaille à une souche Influenza aviaire d'origine sauvage. Nous avons développé un modèle de circulation de virus grippaux au sein d'une population aviaire sauvage dont les paramètres du modèle sont issus des données de comptage et de la littérature sur les infections expérimentales. Les effets de certains paramètres du modèle sur les caractéristiques de l'exposition sont étudiés, et les résultats obtenus sont confrontés aux mesures sanitaires mis en oeuvre cette année en France. L'analyse de ces résultats révèle un effet plus important de la date et de la période d'introduction des virus dans la population que des caractéristiques intrinsèques de la souche considérée notamment de sa pathogénicité et de sa durée d'excrétion virale. Nous concluons que la période de confinement comme elle a été décidée cette année permet de minimiser le risque d'exposition de l'avifaune domestique à une souche d'origine sauvage. Par contre, si le virus arrive dans cette population au cours des migrations d'automne, l'exposition serait maximale avant le début de la période de confinement. Le réseau de surveillance active doit donc être maintenu afin d'assurer une détection précoce de la circulation de virus Influenza dans la population sauvage.
 
JOURNÉE D'ÉPIDÉMIOLOGIE AESA - AEEMA, 19 mai 2006
 
Gwenaëlle Dauphin, B. Durand, Anne Saison, M. Bernadac, G. Fortier, Claire Moussu, Jacky Trapprest, P-H. Pitel, F. Valon & S. Zientara
Le RESPE, Réseau d'Epidémio-Surveillance en Pathologie Equine, effectue une surveillance de la grippe équine en France depuis 1999. Cette surveillance permet non seulement d'estimer l'intensité de la circulation virale et de la pathologie chez le cheval en France, mais aussi de collecter les souches circulantes et vérifier la bonne adéquation des souches vaccinales avec ces souches. Une enquête effectuée en 2006 sur la clientèle des vétérinaires sentinelles impliqués dans ce réseau a permis d'estimer la population équine surveillée dans le cadre du RESPE. Elle a montré que la couverture est hétérogène, à la fois sur le plan géographique et selon le type d'équidés, puisque certaines zones géographiques ne comptent aucun vétérinaire sentinelle et que seulement 3% des chevaux de trait et ânes sont couverts par le réseau contre plus de 60% des chevaux de course et d'élevage pur sang. En outre, le bilan des six années d'existence du RESPE se fonde sur 182 cas de grippe équine confirmés ainsi que 96 foyers (comprenant un ou plusieurs cas). L'existence de données nationales de recensement pour certaines populations équines a permis d'obtenir une estimation de l'indice de couverture du réseau et de l'incidence des foyers de grippe selon les catégories d'équidés. Enfin, les études de phylogénie sur des souches isolées ou amplifiées en France ont montré que des souches des deux lignages européen et américain ont circulé ces dernières années, de même que dans le reste du monde et qu'un même génotype du lignage américain (sous-lignage Floride) a circulé dans 13 foyers français sur 14 en 2005/2006. Même si ce réseau n'offre pas encore une couverture exhaustive de la population équine française, les estimations de l'incidence de la grippe équine ont permis de constater que l'incidence est nettement plus importante dans les populations de chevaux de course que dans celle des centres équestres ou dans les autres catégories d'équidés. Les populations les plus à risque sont donc également les mieux surveillées par le RESPE.
 
C. Saegerman, Hélène De Blander, R. Hanosset, D. Berkvens, B. Losson & B. Brochier
Durant les dernières décennies, le renard roux (Vulpes vulpes) a été impliqué dans la transmission de plusieurs agents pathogènes viraux ou parasitaires chez les animaux domestiques et les êtres humains. Dans les zones urbaines, les risques de transmission de zoonoses sont susceptibles d'augmenter en raison d'un taux plus élevé de contacts intra et interspécifiques. Le renard est présent sur 35% du territoire de la région de Bruxelles-Capitale et les densités locales atteignent jusqu'à 4 groupes familiaux par kilomètre carré. En application de la directive européenne (CE) Nr 2003/99, une première étude a été conduite dans la région de Bruxelles, entre 2001 et 2004, concernant la présence d'Echinoccocus multilocularis et de Toxocara canis chez les renards. Aucun des 160 renards analysés pour Echinoccocus multilocularis n'a été trouvé infecté et 24 des 134 renards analysés pour Toxocara canis ont été trouvés infectés. En considérant le nombre de renards examinés, la sensibilité et la spécificité des tests utilisés pour le diagnostic, un intervalle de crédibilité de 95% pour la prévalence réelle de portage d'Echinoccocus multilocularis et de Toxocara canis a été estimé par approche Bayésienne à respectivement de 0% à 1,25% (valeur médiane de 0%) et de 12,7% à 26% (valeur médiane de 18,7%). Pour Toxocara canis, il y a un risque significativement plus élevé de portage chez les jeunes animaux comparativement aux animaux adultes.
 
Bénédicte Plouvier, D. Berkvens, K. Mennens, E. Vanopdenbosch, S. Roels & C. Saegerman
L'utilisation d'arbres de régression et de classification constitue un outil précieux d'aide à la décision clinique pour des maladies à prévalence faible ainsi que pour des maladies dont il n'existe pas encore de test de diagnostic de laboratoire (maladies émergentes). Ces arbres permettent de classer des observations cliniques et autres sur la base d'un ensemble de variables prédictives, celles-ci pouvant être catégorielles ou continues. De nouvelles données concernant les suspicions cliniques de l'encéphalopathie spongiforme bovine ont été recueillies en Belgique entre novembre 2002 et janvier 2005. Ces données ont permis d'actualiser et d'évaluer les performances d'un arbre de régression et de classification proposé antérieurement. Plusieurs modifications de l'arbre de régression et de classification sont proposées et discutées en vue d'améliorer le réseau d'épidémiosurveillance continue de l'encéphalopathie spongiforme bovine en Belgique.
 
Morgane Lamarche & J-J. Bénet
La stérilisation des chats entraîne un risque d'augmentation de la fréquence d'obésité et d'urolithiases. Des aliments aux formules adaptées aux caractéristiques des chats castrés sont commercialisées dans le but de minimiser les effets négatifs de la stérilisation. L'étude présentée, de type analytique, exploratoire et rétrospectif, compare l'état de santé et d'obésité de deux lots de chats, l'un ayant été exposé aux aliments de la gamme Neutered Cat® (Royal Canin), le deuxième à des aliments autres également vendus en clinique vétérinaire. Au total, 130 questionnaires ont été récoltés : 61 pour le lot des chats exposés à l'aliment étudié, 69 pour le lot exposé à d'autres aliments vétérinaires. Aucune différence significative n'a été constatée entre les différents lots en prenant en considération les caractéristiques démographiques des chats ou des propriétaires des différents lots. En revanche, les résultats portant sur divers aspects de santé permettent de révéler quelques différences significatives, par exemple du point de vue de l'obésité (p = 0,03 ; RR = 0,7 [0,51 ­ 0,97]), la constatation de maladie après stérilisation (p = 0,02 ; RR = 0,63 [0,42 ­ 0,94]), la rétraction gingivale, (p = 0,08 ; RR = 0,78 [0,59 ­ 1,04] ou l'apparition de troubles urinaires (p = 0,004 ; RR = 0,21 [0,08 ­ 0,56]. Ces résultats sont envisagés principalement dans la perspective de proposer les caractéristiques d'un protocole qui permettrait une évaluation de l'effet de ces aliments et dont les résultats seraient validés à une plus large échelle.
 
J-J. Bénet, Maria-Laura Boschiroli, Barbara Dufour & B. Garin-Bastuji
Le plan de lutte collective contre la tuberculose bovine, véritablement commencée en 1954 après une phase infructueuse de prophylaxie libre et individuelle à partir de 1933, a abouti en 2001 à la reconnaissance de l'état indemne de la France par l'Union européenne : d'un taux d'environ 25 à 30% des élevages infectés au début, notre pays est passé à quelques (petites) dizaines de foyers résiduels aujourd'hui. Le succès est incontestable. Il s'est agi du premier plan de lutte collective, qui a servi de modèle à la fois pour la lutte contre d'autres maladies en France et pour d'autres pays. Commencé à une époque où l'épidémiologie n'existait pas en tant que discipline scientifique constituée, ayant pourtant fourni matière à l'élaboration de connaissances épidémiologiques diverses, ce plan peut légitimement faire l'objet d'une évaluation a posteriori, de la pertinence des conceptions épidémiologiques de ses textes réglementaires. Tout d'abord, il est troublant de constater que les données représentant l'évolution du taux de cheptels infectés chaque année ont évolué selon la cinétique d'une exponentielle décroissante ; la transformation des données en coordonnées logarithmiques montre un ajustement avec une droite. La pente de cette droite, en coordonnées arithmétiques, peut être interprétée de la façon suivante : chaque année (de 1954, date de début de la prophylaxie collective, à 2004), le nombre d'élevages infectés observés une année donnée a été en proportion constante du nombre d'élevages infectés (environ 80 à 85 p. cent) de l'année précédente. La pente est restée relativement stable en dépit des mesures diverses prises pendant toutes ces années de lutte dans l'espoir d'en améliorer les performances. Cette constance signe un déficit d'impact des diverses tentatives de maîtrise des facteurs de risque de l'infection. D'une façon plus fine, on peut voir que la pente s'est nettement infléchie à partir de 1996, pour correspondre à un taux de 70 p. cent environ ; à partir de cette date en effet, la proportion d'élevages infectés qui ont été assainis par abattage total est passée progressivement depuis moins de 10% en 1991 à environ 50% en 1999. La pertinence des différents textes réglementaires ayant organisé la lutte a été examinée. On peut ainsi souligner que, jusqu'en 1990, le plan a été principalement centré sur l'assainissement des élevages infectés. Ce n'est qu'à cette date qu'a été renforcée une des plus importantes mesures de maîtrise d'un facteur de risque d'infection d'élevages indemnes, l'introduction en troupeau indemne. En effet, l'obligation du respect du contrôle sanitaire des animaux devant être introduits dans un élevage indemne, en provenance d'élevages indemnes, a été alors renforcée en pénalisant par la perte de la qualification les élevages ne la respectant pas. En 1999, est entré en vigueur le principe de l'abattage total des élevages reconnus infectés, permettant de maîtriser le risque de résurgence. En 2003, la dernière version de la réglementation a pris en compte un ensemble de mesures visant, d'une part, à maîtriser véritablement les risques de voisinage, et, d'autre part, à mener des enquêtes approfondies pour détecter les élevages susceptibles d'avoir été contaminés. Depuis, le dépistage systématique des élevages infectés a été abandonné, au profit d'une politique de surveillance globale du bon état sanitaire et de maîtrise des facteurs de risque et de leur contrôle (visite sanitaire annuelle), en parfaite cohérence avec une approche désormais classique en hygiène des aliments et révisée récemment (paquet hygiène). Les difficultés qui subsistent toutefois aujourd'hui sont également soulignées dans cette présentation.
 
A. Picado, J. Casal & A. Martin
La consultation d'experts est une méthode qui permet l'obtention d'informations et qui est en expansion dans le monde de la santé animale. Dans cet article, sont décrites les méthodes utilisées pour l'obtention d'informations nécessaires pour l'évaluation des risques d'introduction et de dispersion du virus de la fièvre aphteuse (FA) en Espagne. On a utilisé plusieurs méthodes pour récolter les données (individuellement et collectivement) et différentes formulations : questions directes et de contrôle, la méthode des trois points et l'analyse conjointe. On a analysé ensuite les différents résultats obtenus et on a comparé les différentes méthodes d'obtention de données utilisées. Les données ont servi à déterminer le risque d'introduction et de dispersion du virus de la fièvre aphteuse en Espagne et à simuler les conséquences d'une épizootie dans le secteur bovin espagnol.
 
Carla Grattarola, Maria Silvia Gennero, Simona Zoppi, Stefania Bergagna, Laura Chiavacci & A. Dondo
Cent quatre vingt quatre animaux ont été étudiés pour la recherché de Yersinia spp dans les fèces : 76 ont fourni une réponse positive au test au rose bengale et/ou à la fixation du complément et 108 une réponse négative. L'association entre les résultats des tests sérologiques et la détection de Yersinia spp a été étudiée en tenant compte du statut sanitaire des troupeaux (Proc. Logistic et Proc. Genmod-SAS 8.2). Conformément à la bibliographie, la valeur de l'odds ratio confirme que la présence de Yersinia augmente le risque de réponses faussement positives par rapport à des troupeaux indemnes de Yersinia.
 
ARTICLE D'ÉPIDÉMIOLOGIE
 
Marie-Anne Botrel, Myriam Chazel, Danièle Meunier, E. Jouy, Marylène Kobisch, J-Y. Madec & D. Calavas
Le Resapath est le réseau national de surveillance de la résistance aux antibiotiques des principales bactéries isolées de cas cliniques chez les bovins, les porcs et les volailles en France. Les objectifs affichés de ce réseau sont la détection de l'émergence de phénomènes d'antibiorésistance et le suivi de leur évolution dans le temps et dans l'espace. Le Resapath a fait l'objet en 2006 d'une analyse détaillée comportant une description de son organisation, de son fonctionnement et de sa production. La démarche suivie s'est inspirée fortement de celle décrite par B. Dufour et P. Hendrikx [Dufour et Hendrickx, 2005]. S'il ne s'agit pas d'une véritable « évaluation du réseau », cet état des lieux a pour autant permis d'identifier des limites d'interprétation des données qui en sont issues et d'élaborer des propositions en vue d'améliorer son fonctionnement.
 
INFORMATIONS
 
F. Moutou