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Barbara Dufour
 
JOURNÉE AEEMA - AESA, 4-5 juin 2009 - Les animaux sentinelles, 4 juin 2009
 
B. Toma
Quatre thèmes sont abordés, de façon partiellement intriquée : l’analyse des définitions possibles des animaux sentinelles sanitaires, les rapports entre les animaux sentinelles et la surveillance épidémiologique, l’historique de la fonction sentinelle et la diversité des situations rencontrées.
 
P. Hendrikx & Barbara Dufour
La qualité d’un système de surveillance sentinelle repose en premier lieu sur son adéquation avec les objectifs de la surveillance. Ces objectifs doivent donc être pertinents et définis avec précision. Cette qualité doit en complément être appréciée selon les critères suivants : La sensibilité et la spécificité du système, conditionnées par le choix de l’espèce sentinelle, la taille de l’échantillon, les caractéristiques des outils de diagnostic et la localisation des sentinelles ; La représentativité du système permettant d’extrapoler les résultats obtenus à la population cible ; La rapidité du système c'est-à-dire sa capacité à détecter le phénomène étudié dans des délais courts ; La simplicité du système garantissant une mise en œuvre aisée ; L’acceptabilité du système par les acteurs de la surveillance ; La flexibilité du système devant lui permettre de s’adapter aux évènements ; La stabilité du système au cours du temps. Les points précédemment évoqués (objectifs et critères de qualité) doivent être évalués et analysés de manière synthétique afin d’apprécier les trois aspects suivants : la pertinence du système, son réalisme et son rapport coût/bénéfice.
 
R. Lancelot
Au Kenya, le suivi sérologique de populations de ruminants sauvages, utilisées comme sentinelles, a permis de suivre l’avancement de la lutte contre la peste bovine dans les écosystèmes Somali et Tsavo. En Afrique de l’Ouest, des circulations occultes du virus de la fièvre de la Vallée du Rift (FVR) ont été identifiées grâce à des petits ruminants « sentinelles ». En revanche, ils n’ont pas permis d’alerter précocement les services vétérinaires sur les risques d’épizooties. L’épidémiologie de la FVR dans cette région est encore trop peu connue pour mettre en place le système sur des bases scientifiques solides. Une démarche intégrative pluridisciplinaire permettrait de mieux se préparer aux émergences à venir. Une collaboration étroite entre recherche et développement, et une stratégie régionale s’appuyant sur les Centres régionaux de santé animale de la FAO, de l’OIE et de l’UA-BIRA, faciliteraient le processus.
 
Brigitte Anna Enriquez, G. Hakou, Marie-Danielle Payn, Aude Tabaries, P. Devauchelle, Brigitte Revol & J-J. Benet
Les animaux de compagnie s’avèrent des sentinelles efficaces vis-à-vis des risques sanitaires d’origine environnementale pour la santé humaine. En particulier, les chiens sont au moins aussi sensibles au plomb que les enfants et il est prouvé que la détection d’une plombémie élevée chez le chien de la famille est un bon indicateur de l’exposition des enfants de cette famille. De plus, du fait que le chien présente une vie plus réduite que celle de l’Homme, il peut également développer plus tôt que ce dernier des cancers en lien avec des facteurs environnementaux (lymphomes en particulier). Sur la base des études disponibles sur le saturnisme canin et humain et sur certains cancers de pathogénie similaire Homme-Chien, les auteurs proposent le développement de l’épidémiologie vétérinaire consistant dans le suivi de maladies des animaux de compagnie et la recherche de liens avec des facteurs environnementaux.
 
P. Heyman & C. Saegerman
Le campagnol roussâtre (Myodes glareolus) est le réservoir et vecteur des infections à hantavirus Puumala (PUUV). Ce vecteur a été sélectionné comme animal sentinelle. L’étude a montré que le suivi sérologique de l’espèce réservoir pour les infections à hantavirus en Belgique, a permis de prédire l’apparition d’une épidémie six mois à l’avance. Cette période (novembre à avril) peut être mise à profit par les autorités de la santé publique pour avertir les groupes à risque et les professionnels de la santé en les informant de l’arrivée probable de l’épidémie.
 
C. Michel
La surveillance des milieux aquatiques s'exerce dans des environnements diversifiés et s'est très tôt appuyée sur le recours à des espèces biologiques, notamment animales, pour révéler les altérations de la qualité des eaux. Trois types d'outils ont été élaborés : les bio-indicateurs, les animaux sentinelles et les biocapteurs. Les bio-indicateurs, de recrutement très large, permettent d'apprécier la qualité globale d'un écosystème. Les animaux sentinelles, employés pour le suivi plus spécifique de substances polluantes ou de processus pathologiques, peuvent trouver des applications en milieux confinés comme dans les eaux sauvages. Les biocapteurs représentent un cas d'adaptation de la fonction sentinelle à la surveillance des eaux de consommation humaine, les animaux étant intégrés à un système complexe de mesure en continu et d'alerte. Des exemples d'emploi d'animaux sentinelles sont présentés pour illustrer les avantages et les limites de la démarche.
 
C. Saegerman, Cécile Herr, D. Crochet, P. Sarradin, R. Lancelot, F. Vandenbussche, B. Verheyden , L. Martinelle, J. Hooyberghs, K. De Clercq & Estelle Méroc
Le recours à des animaux ou unités sentinelles est une forme de surveillance spécifique reposant sur un protocole prospectif. Il s'agit d’une stratégie couramment utilisée pour la surveillance de la fièvre catarrhale ovine à travers le monde. Cet article présente les premiers résultats d’un réseau de bovins sentinelles mis en place en Belgique en 2007 et d’un système d’ovins sentinelles mis en place à la plate-forme d’infectiologie expérimentale de l’INRA de Tours-Nouzilly (France) en 2008. Ces systèmes ont permis de répondre à l’objectif de détecter une réapparition de la fièvre catarrhale ovine. Toutefois, une amélioration de la standardisation, de l’évaluation et de la gouvernance de tels réseaux est souhaitable afin de satisfaire l’ensemble des critères de qualité d’un système de surveillance tels que ceux édictés par les Centres de prévention et de contrôle des maladies aux Etats-Unis.
 
Sylvie Lecollinet, J. Hars, T. Lefrançois, B. Durand & S. Zientara
La fièvre du Nil Occidental est une infection zoonotique, causée par un virus de la famille des Flaviviridae, le virus West Nile (WN) et transmise principalement par des moustiques infectés. Elle peut se traduire chez l’homme et le cheval par une atteinte nerveuse avec des signes d’atteinte du type méningo-encéphalomyélite (1-10% cas). De nombreux foyers récents à virus WN illustrent l’importance de l’organisation d’une surveillance continuelle et efficace de cette infection, afin de limiter, par des mesures appropriées d’information et de prévention, la survenue des cas neuro-invasifs chez l’homme et le cheval. Parmi les outils de surveillance disponibles, le suivi sérologique régulier de sentinelles animales (aviaires ou équines), ou surveillance active, vient renforcer les systèmes passifs (cliniques). Elle a été appliquée dans des espèces aviaires (canards appelants, volailles) de 2001 à 2007 en France métropolitaine dans les départements du pourtour méditerranéen. Elle est toujours en place en Guadeloupe, mais seulement dans l’espèce équine. A partir de ces quelques exemples français, nous précisons dans cet article la fonction sentinelle appliquée à la fièvre du Nil Occidental et envisageons les intérêts et limites de cette surveillance active.
 
Communications orales
 
J. Hars, P. Gibert & O. Mastain
Dans cet article, on propose de développer la notion de sentinelle sauvage passive et active. Parmi les exemples de sentinelles passives, on citera le chamois qui révéla dans les Alpes la présence insoupçonnée dans les alpages de troupeaux bovins et ovins infectés par Brucella, ou le sanglier, très réceptif aux mycobactéries, qui révèle la présence dans la nature de Mycobacterium bovis excrété par des cheptels bovins infectés ou d’autres espèces sauvages. De même, lors des différents épisodes d’influenza aviaire qu’a connus l’Europe en 2006 et 2007, le cygne tuberculé s’est avéré être une excellente sentinelle épidémiologique révélant la présence du virus H5N1 HP dont l’introduction dans les élevages a pu le plus souvent être évitée. Par ailleurs, des canards colverts (Anas plathyrynchos) captifs sont utilisés comme sentinelles pour la surveillance active des virus influenza et du virus West Nile. Enfin, les animaux sauvages peuvent être des révélateurs ou des bio-indicateurs de contaminations du milieu naturel par des substances toxiques.
 
J-J. Bénet & Barbara Dufour
L’estimation du risque relatif de résurgence de l’infection pour des élevages antérieurement infectés de tuberculose bovine puis requalifiés a conforté la décision d’abattage total instaurée par l’AM de 1999 (OR » 80). Cette valeur ne permettait pas toutefois de connaître le risque de récidive pour un élevage assaini. Les données des rapports annuels de la DGAL ont été utilisées dans cette étude pour estimer un taux d’incidence cumulée sur un certain nombre d’années. Le numérateur était constitué des nombres observés d’élevages reconnus infectés pendant une année donnée et ayant la résurgence pour origine présumée (ou des estimations en cas de données manquantes) ; le dénominateur était constitué des estimations de nombres d’élevages à risque (requalifiés et exposés au risque de résurgence et subissant un certain taux de disparition comme tous les élevages indemnes). Les valeurs de différentes estimations de taux d’incidence cumulée et de risque d’incidence cumulée (très proches du fait de leur petitesse), sont de l’ordre de 2% (étendue entre 1,5% et 2,5%). La validité de ces estimations ainsi que leur intérêt dans une décision de remise en question éventuelle de l’abattage total sont discutés.
 
G. Czaplicki, J.-Y. Houtain, C. Mullender, C. Manteca & C. Saegerman
Deux enquêtes séro-épidémiologiques transversales, conduites en 2006 (n=206) et en 2008 (n=1 137), ont permis d’évaluer la séro-prévalence apparente (Pa) de la fièvre Q sur lait de mélange dans les troupeaux bovins laitiers de Wallonie (Pa2006 = 57,8%, Pa2008=71,2%). Parmi ces deux échantillons de troupeaux, respectivement 50 et 150 troupeaux ont été sélectionnés de manière aléatoire et soumis, sur le même échantillon de lait de tank, à une analyse de polymérisation en chaîne en temps réel (PCR) spécifique de Coxiella burnetii. La prévalence apparente d’excrétion était de 30,0% dans les deux cas, le plus souvent avec une estimation de titres bactériens faibles. Les résultats montrent que si de très nombreux troupeaux laitiers wallons ont été exposés à Coxiella burnetii, la circulation effective du germe au sein de ces troupeaux paraît heureusement beaucoup plus limitée. Enfin, il existe une relation étroite entre le niveau de séropositivité du lait de mélange et la fréquence de positivité du test PCR. Ces résultats permettent de proposer une stratégie simple, peu coûteuse et fiable de dépistage et de diagnostic de la fièvre Q en cheptel bovin laitier. Ce nouvel outil diagnostique devrait également permettre de préciser le niveau et l’étendue géographique de la dispersion des foyers actifs de fièvre Q en Wallonie.
 
J-B. Hanon, O. Tala Diaw, M. Mbacke Seye, J. Guillotin & C. Saegerman
La fasciolose des bovins (Fasciola gigantica) est une parasitose fréquente dans la région du fleuve au nord du Sénégal. Une étude de prévalence a été effectuée dans le cheptel des éleveurs Peuls fournisseurs d’une laiterie implantée dans cette zone. Les laits de mélange de 131 troupeaux ont été dépistés par un test Elisa commercial et 53% ont réagi positivement. Sur un lait de mélange, le degré de positivité du résultat du test permet d’estimer le taux d’infestation du troupeau. La répartition géographique des troupeaux positifs n’est pas homogène et varie selon la proximité du fleuve Sénégal ou du lac de Guiers. Certains troupeaux ont été ensuite testés par des prélèvements de lait et de sérum individuels ; pour 2/3 d’entre eux, les résultats ont confirmé les prévalences intra-troupeaux estimées à partir des laits de mélange. Il n’y a pas de différence significative entre les résultats du test individuel sur lait ou sur sérum. Ce test Elisa permet le dépistage des troupeaux infestés par Fasciola gigantica à partir du lait de mélange mais des résultats négatifs doivent être interprétés avec prudence en raison d’une perte de sensibilité par rapport au test pratiqué sur prélèvements individuels. Cette étude confirme la prévalence élevée de la distomatose dans cette région et souligne la nécessité de mettre en place des moyens de lutte adaptés.
 
B. Losson & C. Saegerman
Cette étude présente les premières informations épidémiologiques recueillies à l’aide d’une enquête téléphonique réalisée auprès des vétérinaires d’une zone géographique limitée autour des deux premiers foyers de parafilariose bovine identifiés en Belgique. La localisation des lésions (garrot, cou, dos et dans une moindre mesure, la croupe) et leur première apparition au début du printemps constituaient des informations épidémiologiques utiles au diagnostic. La prévalence clinique troupeaux dans la zone autour des foyers a été estimée à 14,1% (intervalle de confiance 95% : 11,3 à 17,2%). Ceci suggère que la parafilariose bovine est maintenant établie dans cette zone.
 
Stéphanie Maeder, Fabienne Biteau-Coroller, Tamine Madi & E. Cardinale
A Mayotte, la structuration de l’élevage est récente et est encore principalement composée d’élevages à vocation familiale. L’identification des bovins a démarré en 2007. Actuellement, deux tiers des bovins sont identifiés et répertoriés dans une base de données centralisée gérée par la chambre de l’agriculture de Mayotte. Même si la majorité des maladies épizootiques (liste OIE) est absente (excepté la fièvre de la vallée du Rift désormais considérée comme enzootique), la situation épidémiologique de plusieurs maladies exotiques reste inconnue. Il n’y a eu aucune enquête spécifique pour évaluer la situation. Bien que les maladies transmises (anaplasmose, …) ou favorisées par les tiques (dermatophilose) aient été diagnostiquées ponctuellement, aucune étude n’a été menée afin d’évaluer la prévalence de ces maladies. De plus, les vecteurs de ces maladies n’ont pas été étudiés à Mayotte. Ceci représente un des objectifs principaux du réseau. Le réseau aura pour objectif de faire un bilan sur les tiques et les maladies à tiques, la FVR et de favoriser le développement des ressources diagnostiques du laboratoire de Mayotte. Ceci permettra de favoriser le partenariat entre les différents acteurs de la santé animale (services vétérinaires, vétérinaires sanitaires, laboratoire, associations d’éleveurs, éleveurs et chambre d’agriculture). Tous ces partenaires participeront activement au fonctionnement du réseau. La première étape consiste à faire un état des lieux en ce qui concerne les tiques, les maladies qu’elles transmettent et la fièvre de la vallée du Rift par des études ad hoc. Cette approche permet de renforcer les capacités diagnostiques du laboratoire vétérinaire grâce à des études de séroprévalence et des frottis sanguins. Les différents sites de prélèvements seront localisés sur les quatre îles des Comores (Mayotte, Mohéli, Grande Comore et Anjouan) ; un des objectifs étant de faire l’inventaire des tiques du bétail présentes sur l’Archipel des Comores et d’établir la liste des agents pathogènes transmis. L’étude de la biologie et de l’écologie des tiques mises en évidence et identifiées comme étant à risque nous permettra éventuellement de mettre en place des mesures de lutte appropriées. Deuxièmement, le choix des maladies d’intérêt est une priorité pour la création du réseau d’épidémiosurveillance. Au début, la surveillance se focalisera sur deux syndromes. Le premier est le syndrome abortif (fièvre de la vallée du rift, brucellose, leptospirose…) et le second est une mortalité massive et brutale dans un même élevage (charbon symptomatique). Afin de mieux détecter les maladies, les éleveurs seront sensibilisés à la surveillance sanitaire et les vétérinaires seront formés pour mieux identifier les symptômes. Des formations seront dispensées aux acteurs locaux (vétérinaires, techniciens de laboratoire …) afin d’obtenir de meilleurs résultats [Cardinale, 2000]. Finalement, le réseau d’épidémiosurveillance de Mayotte aura pour vocation de s’intégrer au réseau régional de l’Océan Indien. En effet, une approche nationale est insuffisante car Mayotte fait partie d’un archipel où s’effectuent des échanges inter-îles. Dès lors qu’il y a des échanges, l’insularité ne préserve plus des maladies, qui ne connaissent aucune frontière. La participation à la dynamique régionale instaurée grâce aux nombreux projets (CIRAD, OIE, FAO, CRVOI 5) sera notamment un indicateur de performances du réseau de Mayotte. Les échanges d’information permanents et en temps réel à l’échelle régionale impliquent des outils spécifiques, tels que des systèmes de détection précoce et d’intervention mettant en évidence l’importance d’une harmonisation des différents réseaux.
 
A. Eyraud-Griffet, Jennifer Pradel, Karine Chalvet-Monfray & D. Bicout
Il est désormais avéré que notre planète est soumise à un changement climatique global, très probablement dû aux activités anthropiques récentes, qui se poursuivra selon toute probabilité au XXI° siècle. Ce changement aura un impact sur la distribution spatiale des êtres vivants et, plus particulièrement, les insectes vecteurs de maladies. Par conséquent, des territoires jusqu’à ce jour exempts de maladies vectorielles seront susceptibles d’être atteints. Dans cette étude nous nous sommes intéressés plus particulièrement à deux zones humides françaises : la Camargue et la Dombes. L’objectif de ce travail est d’estimer la potentialité de ces zones à constituer des lieux favorables au développement de Culex modestus, moustique vecteur du virus West Nile en Camargue. Pour ce faire, nous avons utilisé des données climatiques issues du modèle Arpège-Climat (scénario B2) désagrégé à 15 km pour caractériser l’évolution du climat dans les deux zones, et calculé des indices entomo-climatiques pour analyser la relation climat et dynamique de population de Cx. modestus. Pour les trois périodes de temps « passé » (1951-1980), « présent » (1991-2020) et « futur » (2031-2060), nous avons mis en évidence une hausse conséquente des températures moyennes entre le passé et le futur (+ 2,54°C en Dombes et + 2,07°C en Camargue) ainsi qu’une modification de la répartition annuelle des pluies qui résulteraient en une augmentation du nombre de périodes favorables à Cx. modestus.
 
Ana Alba, D. Bicout, F. Vidal, A. Curco, A. Allepuz, S. Napp, I. Garcia & J. Casal
Cette étude présente un modèle stochastique pour représenter une éventuelle propagation des virus d’influenza aviaire (AIV) chez les oiseaux sauvages à partir de différents scénarios. Ce travail fournit un outil pour identifier les espèces d’oiseaux et les zones à échantillonner dans un système de surveillance fondée sur l’utilisation des informations ornithologiques et écologiques. Le modèle représente la dynamique spatio-temporelle des AIV chez les oiseaux sauvages basée sur une approche individu susceptible-infectieux-susceptible. Il concerne le Parc naturel du Delta de l’Ebre, qui est l’une des plus importantes zones humides dans le bassin occidental de la Méditerranée de par l’abondance et la variété des espèces d’oiseaux. Un ensemble de paramètres liés à l'hôte, les virus et l'environnement a été inclus dans le modèle comme suit : le date d'introduction, le nombre et le type d'espèce d’oiseaux et leur emplacement, les polygones que compose le parc naturel en fonction des critères écologiques et ornithologiques, une liste des nombreuses espèces d’oiseaux réparties en espèces à risque élevé et espèces intermédiaires, le recensement de chacune de ces espèces d’oiseaux par polygone et leurs modes de dispersion, le degré d’affinité entre les espèces, la durée de l’infection et les différentes probabilités de transmission. Ce type de modèle peut fournir des informations utiles pour les décideurs dans la conception et la mise en œuvre des activités futures de surveillance AIV pour les oiseaux sauvages dans des domaines spécifiques.
 
J-B. Hanon, Aude Uyttenhoef, Fabienne Fecher-Bourgeois, Nathalie Kirschvink, E. Haubruge, Brigitte Duquesne & C. Saegerman
Depuis l’été 2006, l’Europe centrale et du nord a été confrontée à l’émergence de la fièvre catarrhale ovine (FCO) chez les ruminants domestiques avec une atteinte clinique inhabituelle des bovins. La dissémination de l’infection a été particulièrement efficace et le cortège de signes cliniques identifiés a provoqué une très forte inquiétude dans les secteurs des productions bovine et ovine, surtout à cause de l’incidence élevée de troubles de la reproduction observés depuis l’automne 2007. En conséquence, la FCO a induit des pertes économiques très importantes pour le secteur agricole. Dans le cadre d’une étude financée par la Direction générale opérationnelle agriculture, ressources naturelles et environnement (DGARNE) de la Région Wallonne, une estimation quantitative des pertes économiques liées à la FCO a été réalisée dans le Sud de la Belgique, d’une part, par la mise en œuvre d’enquêtes épidémiologiques transversales à destination des éleveurs et des vétérinaires et, d’autre part, par l’identification et la mise en relation de différentes bases de données technico-économiques disponibles. Les résultats de cette étude se sont avérés représentatifs des filières bovine et ovine en Région Wallonne. Deux approches pour le calcul des pertes technico-économiques ont été utilisées : l’une déterministe (moyenne des pertes) et l’autre probabiliste (tenant compte des distributions de valeurs obtenues pour chacun des paramètres intervenant dans les calculs des pertes). Les pertes technico-économiques moyennes à l’échelle de la Région Wallonne entière et pour la période 2006-2007 s’élèvent respectivement à 32,3 millions d’euros (hypothèse basse établie sur base du recensement des foyers officiels déclarés), à 92,9 millions d’euros (hypothèse moyenne établie sur base d’une enquête représentative auprès des vétérinaires) et à 104,8 millions d’euros (hypothèse haute établie sur base de quatre enquêtes représentatives auprès des éleveurs bovins et ovins). De nombreux éléments issus des bases de données technico-économiques consultées ont donné une grande validité à l’étude. Le poste de pertes ayant le plus d’influence est celui qui est lié aux troubles de la reproduction. Les estimations des pertes publiées à ce jour, par ailleurs, ont été effectuées avant que les résultats de la période de reproduction ne soient connus et devraient donc être réévaluées car elles n’ont pas pris en compte ce poste important.
 
Communication écrite
 
M. Kasereka Kalume, B. Losson, C. Guido Vyambwera, Lusenge Mbegumbaya, A. M’Pondi Makumyaviri & C Saegerman
Une enquête épidémiologique réalisée auprès des vétérinaires du Nord-Kivu (n = 1021) a montré que la theilériose bovine est la plus fréquente (49,35%) par rapport à l’anaplasmose (35,5%) et la babésiose (15,15%). Les cas cliniques sont signalés toute l’année dans trente groupements agropastoraux répartis dans les territoires de Lubero (n = 10), Masisi (n = 9), Beni (n = 8), Nyiragongo (n = 2) et Rutshuru (n = 1). La situation épidémiologique est plus critique chez les troupeaux situés à proximité de la forêt équatoriale, de la savane boisée du Graben et des parcs nationaux de Virunga et Maïko. Le taux moyen d’infestation par tiques n’a pas été significativement différent pour ces trois maladies vectorielles (Chi2 = 0,579 ; ddl = 4 ; p < 0,9) avec entre 10 et 50 tiques dénombrées par animal malade. Cette enquête a aussi indiqué que la disponibilité des produits thérapeutiques doit être améliorée. Tephrosia vogelii a été citée comme plante médicinale utilisée contre les tiques, mais son effet tiquicide et sa dose restent à déterminer.
 
Articles d’épidémiologie
 
Manuelle Miller, E. Etter, Barbara Dufour, Geneviève Libeau & R. Lancelot
Une analyse qualitative de risque a été effectuée pour le risque d’introduction et de diffusion de la peste des petits ruminants (PPR) en France. Cette maladie virale contagieuse est actuellement présente en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Une épizootie est survenue au Maroc en 2008. Les probabilités de chacun des évènements pouvant conduire à l'introduction du PPRV en France sont estimées qualitativement, ainsi que les conséquences de l'apparition d'un éventuel foyer de PPR. Trois scénarios plus spécifiquement à risque sont identifiés et quelques points de vigilance pour la gestion de ce risque sont discutés.
 
Marion Ripoche, A. Varcasia & A. Scala
Une enquête de prévalence de l’hydatidose chez les ovins a été réalisée en 2008 en Sardaigne. Sur les 399 brebis examinées à l’abattoir, 332 (83%) étaient porteuses de kystes hydatiques. Cette prévalence souligne un environnement encore hautement contaminé et donc un risque toujours présent pour l’homme. Le foie est l’organe où l’on dénombre le plus de kystes, mais la probabilité de trouver un kyste liquide, potentiellement fertile, est plus élevée dans les poumons que dans le foie. Or, ce résultat n’est pas connu du grand public, ce qui augment le risque qu’un chien soit nourri avec des poumons infectés non diagnostiqués lors d’abattage à la ferme, perpétuant le cycle parasitaire. Le rôle de l’homme est crucial dans le maintien et la propagation de l’hydatidose due à Echinococcus granulosus.
 
Brigitte Enriquez, G. Hakou, Aude Tabaries, Brigitte Révol, Joëlle le Moaf, Annie Sasco & J-J. Bénet
Une étude a été conduite à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort afin d’appliquer le concept d’animaux sentinelles en toxicologie environnementale, associé à celui d’épidémiologie animale dans le domaine des animaux de compagnie. Le recrutement de chiens de poids suffisant (plus de 10 kg) sur la base du consentement de leurs propriétaires venus présenter leur animal en consultation à l’ENVA a permis de quantifier la plombémie de 125 de ces chiens. Des régressions linéaires mono-variées et multivariées ont été utilisées pour rechercher des relations éventuelles entre la plombémie et des paramètres intrinsèques relatifs aux animaux eux-mêmes et des facteurs extrinsèques liés au mode de vie de ces chiens, selon les réponses fournies par leur maître à un questionnaire administré par un enquêteur. L’âge des animaux, leur lieu de vie (campagne, ville, banlieue), l’année de construction du logement étaient associées aux valeurs des plombémies des chiens, toutefois de façon non significative en raison de la faiblesse des effectifs. Les chiens jeunes, pour la similitude de leur comportement, et les valeurs plus élevées de leur plombémie sont en accord avec les données bibliographiques américaines sur leur intérêt comme sentinelles du saturnisme chez l’enfant. Ce type d’étude mérite d’être reconduit sur des effectifs plus nombreux afin de confirmer ces résultats préliminaires.
 
INFORMATIONS
 
Laurie Dufour, Barbara Dufour, Geneviève Libeau & Adama Diallo
Jusqu’à l’été de l’année 2008, la peste des petits ruminants n’avait jamais été rapportée au Maroc. Ainsi, les 22 millions d’ovins et caprins que compte le pays représentaient une population réceptive et naïve propice à l’apparition et à la diffusion rapide d’une épizootie. L’essentiel des informations présentées dans cet article sont issues de l’analyse des foyers déclarés à l’OIE. Ces données ont été complétées par des communications personnelles de responsables de Services vétérinaires marocains et de scientifiques du laboratoire de référence.
 
C. Saegerman, J-J. Benet, Fatah Bendali & D. Berkvens