Look here at the => ABSTRACTS
 
Barbara Dufour
 
T. Chillaud & M. Artois
 
JOURNÉES D'ÉPIDÉMIOLOGIE AEEMA, 20-21 MAI 2010 : APPORT DE LA SOCIOLOGIE A L'ÉPIDÉMIOLOGIE ET A LA LUTTE CONTRE LES MALADIES ANIMALES (20 MAI 2010)
 
M. Savey
 
Vanessa Manceron
En février 2006, l’influenza aviaire (virus H5N1HP) a touché la région française de la Dombes, donnant lieu à la mise en place d’un dispositif sanitaire ambitieux qui a duré près de six mois. Dans cet article, l’auteur restitue au plus près cet événement tel qu’il a été vécu, appréhendé et commenté par les habitants de la région. L’attention est portée sur les effets du zonage sanitaire et sur les logiques territoriales de gestion de la maladie qui éprouvent les groupes sociaux concernés en les privant temporairement de leurs moyens d’action sur le réel et en touchant à des principes importants de leurs relations quotidiennes au territoire, à la nature et aux autres.
 
Anne-Marie Brisebarre
Dans l’élevage traditionnel, le lien entre les hommes et les bestiaux n'est pas seulement économique. En particulier, les bergers se préoccupent du bien-être de leurs animaux et acceptent difficilement les mesures sanitaires imposées lors des épizooties. Dans un contexte de réglementations départementales contradictoires, nous traiterons de l’exemple d’une épizootie de brucellose ovine survenue dans un troupeau transhumant ainsi que des conséquences sociales de cette épizootie.
 
M. Fintz
L’émergence fait référence à la montée d’un état qui ne peut être entièrement prédit ou expliqué à partir des conditions antécédentes. Cette définition souligne immédiatement le lien entre émergence et urgence dans la mesure où une situation d’émergence presse les responsables et les experts à gérer l’incertitude et à trouver des explications plus pertinentes de la réalité. Le va-et-vient des menaces émergentes et de la production d’urgences apparait comme une dynamique forte facilitant la mise en œuvre de mesures exceptionnelles destinées à contrer des ennemis invisibles, tels les virus. Dans cet article, nous montrons comment ces ennemis invisibles et leur caractérisation sont intimement liés aux propriétés politiques des sites sur lesquels ils adviennent. La prolifération de récits concurrentiels de la réalité se comprend dès lors comme le résultat des stratégies entre les acteurs et leur prolongement dans l’espace médiatique.
 
Christine Fourichon, Brigitte Frappat & D. Pécaud
La conception et la mise en œuvre de plans de maîtrise collective des maladies enzootiques transmissibles intègre une coordination des décisions entre éleveurs. Elle doit donc prendre en compte le comportement des éleveurs pour la gestion des risques sanitaires. Pour comprendre ce comportement, l’étude présentée a pour objectifs de décrire les représentations de la santé animale par des éleveurs de bovins, ainsi que les justifications qu’ils énoncent à l’adoption d’un plan de maîtrise d’une maladie enzootique. Deux séries d’entretiens semi-directifs ont été réalisées, dans un échantillon constitué pour apporter une diversité de points de vue. La première série, dans 45 exploitations, portait sur les représentations de la santé, indépendamment de la situation sanitaire du troupeau. La deuxième série, dans 20 exploitations, s’est adressée à des éleveurs dont le troupeau avait connu une circulation récente du virus de la diarrhée virale bovine (BVD) et qui avaient adopté ou non un plan de maîtrise. Les représentations de la bonne santé d’un troupeau font majoritairement référence à l’apparence et au comportement des animaux ou aux bonnes pratiques d’élevage, et plus secondairement aux maladies. La notion de maladie « courante » ou de fréquence acceptable d’une maladie est évoquée. Les motivations ou freins à l’adoption de mesures de maîtrise de la BVD concernent les perceptions individuelles des éleveurs de la maladie ou de leur exploitation, ainsi que leur intégration dans un réseau social et professionnel, l’avis de leur vétérinaire, la cohérence entre conseillers, et la confiance qui leur est accordée. Les contraintes évoquant l’acceptabilité des mesures sont citées mais ne sont pas les seuls facteurs en jeu. Le déficit de connaissance et de compréhension est, chez les éleveurs enquêtés, aussi marqué qu’ils aient ou non choisi de mettre en place un plan de maîtrise. Les externalités liées aux décisions et pratiques des éleveurs ne sont que très rarement évoquées. Des recommandations sont proposées en termes de leviers d’action accompagnant la conception d’un plan de maîtrise.
 
E. Birlouez
La sociologie peut être définie comme « l’étude des faits sociaux ». Parmi ceux-ci, figure l’acte alimentaire : dans toutes les cultures, manger comporte en effet une importante dimension sociale. Par ailleurs, les concepts classiques de la sociologie - comportements, représentations, normes, distinction sociale, etc. - trouvent de très nombreux emplois dans le champ de l’alimentation humaine. Ainsi, nos comportements alimentaires sont, pour partie, dictés par nos représentations mentales, i.e. des manières de penser, socialement construites et partagées par les membres d’un groupe. Claude Lévi-Strauss soulignait cet aspect lorsqu’il déclarait : « pour être consommé, l’aliment ne doit pas seulement être bon à manger, il doit d’abord être bon à penser ». Nos pratiques alimentaires obéissent également à des normes, i.e des règles de conduites qu’un groupe humain juge « socialement correctes ». La sociologie de l’alimentation étudie aussi les différences d’habitudes alimentaires selon les groupes sociaux : malgré l’élévation du niveau de vie, des disparités continuent de subsister. Enfin, l’obésité fournit un bon exemple de fait social permettant d’illustrer ces différents concepts de la sociologie. Le recours à cette discipline permet également de réfléchir de façon pertinente aux modalités de prise en charge des personnes obèses.
 
Emmanuelle Fillion
L’épidémiologie est désormais omniprésente dans l’univers de la santé, humaine ou animale. Pourtant, scientifiques et acteurs de politiques publiques butent régulièrement sur la « résistance » des populations à adopter le comportement adapté aux savoirs épidémiologiques. Cet article propose d’examiner les apports de la sociologie pour comprendre ces phénomènes de possible déconnection, grâce - notamment - aux travaux sur la perception des risques, en lien avec les représentations profanes de la santé et de la maladie. Nous montrerons ensuite l’intérêt de travaux sociologiques plus récents, qui ont analysé les conditions de production et de succès - ou d’insuccès - du discours épidémiologique. Ceux-ci montrent que l’épidémiologie fait partie d’un monde social beaucoup plus vaste que celui des spécialistes. A ce titre, l’épidémiologie doit intégrer au coeur de sa pensée les enjeux politiques et culturels associés aux questions de santé.
 
Florence Kling-Eveillard & Brigitte Frappat
L’Institut de l’Elevage met en œuvre des approches sociologiques pour accompagner le changement technique en élevage sur des sujets tels que les mammites et la qualité du lait, la reproduction et la fécondité des animaux, le risque sanitaire, le bien-être animal et la relation homme-animal. Des enquêtes qualitatives permettent d’identifier les connaissances, les représentations, le rôle des groupes sociaux et les aspects matériels qui peuvent constituer des freins ou des leviers pour les éleveurs vis-à-vis d’un changement de pratique. Ces éléments sont pris en compte pour raisonner le choix des publics, des objectifs et du contenu technique, des messages et argumentaires, des supports, et des relais sur le terrain auprès des éleveurs. Les actions de conseil mises en place s’appuient de plus sur le rôle décisif des réseaux professionnels et sociaux dans le changement, d’une part, en veillant à l’implication dans l’action des interlocuteurs importants pour les éleveurs et, d’autre part, en favorisant les réunions entre éleveurs, lieu d’expression et de confrontation des représentations.
 
 
COMMUNICATIONS LIBRES : 21 MAI 2010
 
V Auvigne & E. Petit
Deux méthodes, rassemblées dans un outil MS Excel dénommé DistriDiag, sont proposées pour estimer la distribution des taux d’infection intra-cheptel dans une population à partir des résultats d’un sondage. Les sondages pris en compte sont ceux réalisés par prélèvement d’un échantillon de taille fixe dans chaque cheptel testé. Ces méthodes sont appelées « modèle des centiles » et « modèle d’ajustement ascendant ». Il s’agit d’une application des lois de tirage au sort sans remise (loi binomiale, loi hypergéométrique). Les méthodes sont appliquées à un jeu de données réel provenant d’une enquête sérologique BVD réalisée avec des échantillons de cinq animaux dans 222 cheptels. Les deux méthodes aboutissent à des résultats similaires. Elles permettent de distinguer une population indemne ou faiblement infectée représentant 84 ou 85% des cheptels et une population fortement infectée représentant 16 ou 15% des cheptels. Cette formulation des résultats de ce sondage est notablement différente de celle qui serait classiquement donnée à la suite du calcul de l’intervalle de confiance : « 31 à 44% des cheptels testés sont infectés ». L’outil DistriDiag permet également de réaliser des simulations de stratégies d’échantillonnage (effet d’une modification de la taille de l’échantillon, du nombre de résultats positifs à partir duquel l’élevage est considéré positif). Les intérêts et limites de ces méthodes sont discutés.
 
Stéphanie Desvaux, Hoa Pham Thi Thanh, V. Grosbois, S. Fenwick, S. Tollis, H. Pham Ngoc, A. Tran & F. Roger
Des études rétrospectives ont été menées sur la vague de foyers de 2007 dans le Nord Vietnam. Tout d’abord, une étude cas/témoins a été construite pour identifier les facteurs de risque de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 dans une province du Nord Vietnam. Des données sur les facteurs de risque potentiels liés à l’environnement humain et naturel et au système de production ont été collectées pour 19 villages cas et 38 villages témoins non appariés. Le nombre de bandes de volailles de chair dans le village était significativement associé au risque de foyer de H5N1 (OR = 1,49, IC à 95% : 1,12-1,96), tout comme la présence d’au moins un commerçant de volailles dans le village (OR = 11,53, IC à 95% 1,34-98,86). Dans une moindre mesure, le nombre de bandes de canards dans le village et le pourcentage de la surface du village occupée par les mares et des petits cours d’eau augmentait également le risque. L’effet de la vaccination a été difficile à mesurer du fait d’un mauvais système d’enregistrement des services locaux. Ensuite, une étude à l’échelle régionale a été mise en œuvre afin d’améliorer l’hétérogénéité spatiale et explorer des variables environnementales. Les résultats initiaux de cette étude sont également présentés.
 
Maria Christina Bona, Elena Pavoletti, Marzia Righetti, Paola Arsieni, G. Ru & M. Prearo
La nécrose hématopoïétique infectieuse (NHI) et la septicémie hémorragique virale (SHV) sont deux infections systémiques de plusieurs espèces de salmonidés à déclaration obligatoire conformément à la directive 67/1991 CE. Ces maladies font l’objet d’une surveillance en Italie au moment où la législation italienne (D.L.vo 148/2008) oblige les exploitations qui font du repeuplement des poissons dans l'eau publique à obtenir et maintenir le « statut indemne ». Depuis la fin des années 90, la Région Piémont, afin de connaître la situation sanitaire sur son territoire, a mis en place un programme de surveillance qui vise à tester toutes les exploitations de salmonidés. Dans ce travail, on entend illustrer l’épidémiologie des deux maladies dans notre région avec les instruments de l’épidémiologie descriptive. La période considérée dans l’étude présentée va de 2000 jusqu’à 2009. La diffusion des deux maladies a été décrite par leur distribution au cours du temps, d’un point de vue géographique et selon l’espèce. Les analyses univariée et multivariée ont servi à tester le rôle potentiel d'un certain nombre de caractéristiques des exploitations aquacoles. La seule espèce touchée par les deux maladies est la truite arc-en-ciel, espèce considérée en littérature la plus sensible des salmonidés d’eau douce. Les deux maladies sont présentes sur le territoire régional avec une très faible prévalence, globalement inférieure à 10%. L'étude des principaux facteurs de risque ne permet pas l'identification d'une association statistique. Ces résultats sont un point de départ pour de futures études sur les facteurs de risque.
 
Séverine Rautureau, Barbara Dufour & B. Durand
Les mouvements d’animaux forment un réseau complexe reliant les exploitations entre elles et représentent un risque important de dissémination d’agents infectieux entre établissements d’élevage et ce, sur de longues distances. Le réseau de mouvements de bovins à travers la France a été étudié, avec les méthodes d’analyse des réseaux sociaux, dans le but de déterminer des caractéristiques qui pourraient avoir des implications pour la diffusion d’épizooties. Dans cet objectif, des sous-groupes d’établissements de grande taille fortement connectés entre eux, les « giant strong components » (GSC) ont été analysés. Ces GSCs représentent des vulnérabilités structurelles du réseau d’élevages français vis-à-vis d’un risque épizootique, de façon permanente et sur tout le territoire. Les conditions permettant d’éviter leur formation afin de diminuer la vulnérabilité du réseau ont été alors étudiées. L’analyse des flux passant par les marchands (centres de rassemblement et marchés) a montré qu’une action de maitrise des flux ciblant à la fois les deux types d’établissements était nécessaire. Mais, un ciblage sur des établissements selon leur « centralité » (positionnement) dans le réseau était plus pertinent et efficace en termes de nombre d’établissements à surveiller.
 
D. Vitour, J. Guillotin, Corinne Sailleau, C. Viarouge, Alexandra Desprat, F. Wolff, G. Belbis, B. Durand, L. Bakkali-Kassimi, E. Bréard, S. Zientara & Gina Zanella
Dans cette étude, nous avons évalué la durée et l’amplitude de la protection induite par les anticorps colostraux chez des veaux nés de mères vaccinées contre le sérotype 8 du virus de la fièvre catarrhale ovine (FCO ; BTV-8) ainsi que l’impact de l’interférence induite par les anticorps colostraux sur la vaccination chez ces veaux. Le temps médian estimé pour passer à un statut séronégatif était de 112 jours avec un test ELISA compétitif (cELISA) et 84 jours par séroneutralisation (SN). A l’âge de quatre mois environ, 13/22 veaux ont été immunisés avec un vaccin inactivé anti-BTV-8 et présentaient pour la plupart une faible réponse immune. Cette absence de réponse est attribuée à la persistance d’anticorps colostraux spécifiques du virus qui interfèrent avec l’induction de la réponse immune. En outre, l’intensité de la réponse humorale après vaccination était inversement proportionnelle aux niveaux d’anticorps mesurés avant vaccination.
 
C. Saegerman, P. Mellor, Aude Uyttenhoef, J-B. Hanon, Nathalie Kirschvink, E. Haubruge, P. Delcroix, J-Y. Houtain, P. Pourquier, F. Vandenbussche, B. Verheyden, K. De Clercq & G. Czaplicki
En Europe de Nord, l'introduction du sérotype 8 du virus de la fièvre catarrhale ovine (BTV-8) a été notifiée pour la première fois en août 2006 et un grand nombre de troupeaux de ruminants ont été affectés en 2007 et 2008. Cependant, l'origine, l'endroit et le moment de sa première introduction n'ont pas pu être déterminés. Quatre études épidémiologiques rétrospectives ont été réalisées en vue de déterminer la première occurrence spatio-temporelle de cette maladie émergente au Sud de la Belgique : (1) des investigations concernant les premiers foyers rapportés, proches de l'épicentre de l'épizootie initiale (N = 87), (2) une large enquête postale anonyme de troupeaux bovins (N = 4745) et troupeaux ovins (N = 493), (3) une enquête sérologique aléatoire concernant des laits de tank archivés issus de 206 troupeaux de bovins laitiers (ELISA indirect) et (4) une enquête longitudinale concernant des indicateurs non spécifiques de production laitière. L'introduction du BTV-8 dans la région est arrivée très vraisemblablement au printemps 2006 en bordure du Parc national des Hautes Fagnes et Eifel en période d'activité vectorielle des Culicoides. La détermination de l'endroit et du moment de première introduction du BTV-8 dans un pays est d'une importance majeure pour augmenter la sensibilisation et la compréhension mais également pour améliorer la modélisation des maladies vectorielles émergentes.
 
O. Rat-Aspert & Christine Fourichon
Dans le cas des maladies transmissibles, les actions individuelles de maîtrise ont un impact sur le risque d’infection des exploitations d’un territoire. Si la maladie est non réglementée, la décision de gestion est laissée à l’appréciation de l’éleveur, ce dernier ne prenant pas nécessairement en compte cet effet collectif : la maîtrise individuelle est donc à l’origine d’une externalité. En retour, l’évolution du risque consécutive à cette externalité peut avoir un impact sur la décision des éleveurs. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’efficacité dans une population d’une stratégie de maîtrise de maladie basée sur la vaccination individuelle et volontaire des troupeaux. Nous avons développé un modèle théorique couplant la dynamique de décision des éleveurs et la dynamique de la maladie. Il permet de décrire l’évolution, dans une population de troupeaux, de la prévalence de l’infection et de la couverture vaccinale ainsi que d’étudier l’effet d’incitations financières à la vaccination. Dans les conditions du modèle, nous montrons que la vaccination volontaire limite la prévalence de l’infection, mais ne permet pas l’éradication de la maladie, même si des incitations sont mises en place.
 
Carole Sala, B. Durand & D. Calavas
Depuis 2001 en France, le dépistage de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) est exhaustif pour tous les animaux de plus de 2 ans ou 2,5 ans morts en ferme ou abattus pour la consommation humaine. Cependant, en raison du diagnostic uniquement post-mortem et d’une moyenne de survie de la population bovine inférieure à la durée d’incubation moyenne de l’ESB, ce système de surveillance ne permet de détecter qu’une partie des animaux infectés. Les résultats de notre étude de simulation montrent que le profil épizootique, le niveau d’infection, le délai à la mise en place de la surveillance ainsi que sa durée et l’évolution de la durée moyenne d’incubation affectent de manière variable l’efficacité de la surveillance. Nous avons ainsi évalué que, dans les conditions de l’épizootie française, et à supposer que plus aucune infection n’ait eu lieu après le 1er janvier 2001, seuls 3% des animaux infectés entre début 1985 et fin 2000 ont été détectés entre 2001 et 2007.
 
T Vergne, V. Grosbois, Géraldine Cazeau, D. Calavas, B. Durand & Barbara Dufour
Initialement développées en écologie afin d’estimer la taille de populations sauvages, les méthodes de capture-recapture ont été appliquées en épidémiologie humaine afin d’estimer le nombre d’individus affectés par une maladie donnée et non détectés par les systèmes de surveillance. Ce n’est qu’en 2005 que les premières applications en épidémiologie vétérinaire sont apparues. Parmi ces méthodes de capture-recapture, les modèles unilistes, aussi appelés modèles tronqués, sont ceux d’application la plus récente. Cet article a pour objectif de présenter ces modèles unilistes, et de les appliquer aux données françaises de surveillance de la tremblante ovine classique en 2006 et 2007 afin d’estimer, pour chaque année, le nombre d’élevages ovins qui, bien qu’infectés par l’agent de la tremblante, ne sont pas détectés par le dispositif de surveillance. L’accent est mis principalement sur l’importance du choix des données destinées aux analyses. Dans l’état actuel des connaissances et du fait des caractères rare et peu contagieux de la maladie, il s’avère que ces méthodes ne semblent pas encore entièrement adaptées à la tremblante.
 
Marie-France Humblet, J.-L. Moyen, P. Bardoux, Maria-Laura Boschiroli & C. Saegerman
Une méthodologie originale d’évaluation des méthodes de tuberculination fondée sur l’avis d’experts a été menée auprès des vétérinaires praticiens ruraux de Belgique (N = 859) et du département de la Dordogne, qui a été confronté à une réémergence de la tuberculose bovine (TBb) dans ses cheptels bovins au cours des dernières années (N = 94). Cette évaluation a été réalisée grâce à une enquête postale anonyme. Dans le cas de la Dordogne, une campagne de sensibilisation a été organisée pour les vétérinaires praticiens en 2006. Il a donc été demandé aux vétérinaires praticiens souhaitant participer à l’enquête de remplir un questionnaire pré-réunion de sensibilisation, puis le même questionnaire portant sur leurs pratiques a posteriori. L’objectif était de mettre en évidence d’éventuelles modifications des pratiques à la suite de cette action. Plusieurs experts internationaux dans le domaine de la TBb (N = 5) ont rempli le questionnaire en attribuant un score à chaque réponse possible. Un score global a pu être calculé pour chaque participant. Chaque élément du questionnaire a été pondéré, sur base d’avis d’experts (N = 11) en fonction de son possible impact sur le risque de non-détection des animaux « positifs » et/ou « douteux ». Le taux de participation, représentatif, a été de 18,3% pour la Belgique et 24,5% pour la Dordogne. Une comparaison de la situation entre les deux pays a été menée. Les résultats démontrent l’utilité d’une bonne sensibilisation des vétérinaires à l’acte de tuberculination. Elle met également en exergue l’intérêt d’un processus structuré d’auto-évaluation des pratiques vétérinaires.
 
S. Vandeputte, Marie-France Humblet, Fabienne Fecher-Bourgeois, Christiane Gosset, A. Adelin, Nathalie Kirschvink, E. Haubruge & C.Saegerman
Au niveau mondial, on observe depuis quelques décennies une augmentation de l’émergence ou de la réémergence de maladies animales dont la plupart sont zoonotiques. L’émergence récente de la fièvre catarrhale ovine en Belgique ne fait que confirmer ce phénomène. L’objectif du projet est de développer un modèle conceptuel de hiérarchisation des maladies émergentes en Région Wallonne ayant pour but de quantifier les pertes économiques directes et indirectes subies par les éleveurs et la société civile en cas d’émergence d’une maladie animale. La première étape du projet consiste à construire une liste de maladies émergentes ou potentiellement émergentes en recourant à une revue de la littérature de référence récente et à des réunions de consensus entre experts. La liste finalisée sera hiérarchisée sur base de différents critères tels que, par exemple, des critères socio-économiques ou zootechniques. Plusieurs maladies modèles, figurant à des rangs différents dans la liste, seront ensuite étudiées en profondeur. L’étude de ces maladies modèles nous permettra d’estimer les pertes socio-économiques résultant des maladies animales et des maladies humaines si la maladie possède un potentiel zoonotique. Cette estimation se fera grâce à différentes techniques usuelles d’analyse socio-économique et le résultat de cette estimation nous permettra de paramétrer l’échelle des pertes socio-économiques. Finalement, l’ensemble des résultats obtenus seront synthétisés et, en tenant compte de la typologie de chaque maladie (fondée sur divers éléments quantitatifs), une estimation des pertes socio-économiques de chaque maladie listée pourra être établie.
 
ARTICLES D’ÉPIDÉMIOLOGIE
 
Anne Straub
Les effets néfastes du tabagisme passif sur la santé de l’Homme constituent un sujet d’actualité, avec la sortie de nouvelles règlementations visant à protéger les non-fumeurs. Cet article porte sur l’intérêt récent de la communauté scientifique pour le tabagisme passif de l’animal, avec la parution ces dernières années d’études épidémiologiques mettant en relation l’apparition de cancers de la sphère respiratoire chez le chien, de cancers de la cavité buccale et du système lymphatique chez le chat, et l’exposition à la fumée de cigarette de leurs propriétaires. Cette exposition au sein de la maison peut être évaluée par des marqueurs atmosphériques mais aussi biologiques, dont l’analyse est aujourd’hui en pleine expansion. Des observations cliniques, réalisées par des vétérinaires sur des animaux de leur clientèle -fumeurs passifs-, sont d’autres éléments qui s’ajoutent à ces études, à charge contre la cigarette.
 
Camille Bellet & Barbara Dufour
Cet article présente les principales particularités de l’épizootie d’influenza aviaire provoquée par l’influenzavirus hautement pathogène de sous-type H5N1 sévissant depuis l’hiver 2006 en Afrique, soit trois ans environ après son émergence en Asie du Sud-est. Le bilan des foyers aviaires et des cas d’infection humaine lié à cet influenzavirus est effectué dans les différents pays atteints d’après les données disponibles au 30 juin 2009. Ceci permet de mieux comprendre les modalités d’introduction, de dissémination et de gestion de l’épizootie sur le continent africain et de mettre en avant ses éventuelles évolutions depuis son émergence en Chine.