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Barbara Dufour
 
JOURNÉES AEEMA, 1er JUIN 2012 - COMMUNICATIONS
 
Julie Rivière, J. Hars, Céline Richomme, A. Fediaevsky, D. Calavas, Eva Faure & P. Hendrikx
La faune sauvage, en tant que réservoir ou sentinelle épidémiologique de certaines maladies animales pouvant affecter la faune domestique ou l’Homme, doit faire l’objet d’une surveillance particulière. Celle-ci peut toutefois se révéler problématique en raison notamment des difficultés à établir un protocole d’échantillonnage adapté du fait d’un manque de connaissance sur la population cible et de moyens techniques nécessaires à la mise en œuvre du protocole. Ces réflexions sont particulièrement vérifiées dans le cadre de la tuberculose bovine à Mycobacterium bovis, maladie qui peut affecter de nombreuses espèces animales domestiques et sauvages et dont la surveillance est particulièrement importante pour des raisons sanitaires, mais également économiques et politiques. Le contexte épidémiologique actuel de cette maladie en France et l’implication potentielle de la faune sauvage dans le cycle épidémiologique de cette maladie ont conduit à la mise en place récente d’un dispositif national de surveillance de la tuberculose dans la faune sauvage (Sylvatub), permettant une réflexion intégrée des procédures d’échantillonnage, des méthodes diagnostiques, de la centralisation et de l’analyse des données.
 
Maria Cristina Bona, Serena Robetto, R. Orusa & G. Ru
Le but de notre travail est de décrire les activités italiennes de surveillance de la faune sauvage et le flux de données pour alimenter le système d'information de l'OIE : la nécessité était de réviser, simplifier, automatiser et améliorer le système d'information national actuel. Une enquête par questionnaire a été réalisée chez les référents locaux des Istituti Zooprofilattici Sperimentali (IIZZSS) qui s’occupent de l'activité de diagnostic sur la faune. Les données ont été recueillies pendant l’été 2011 par 20 des 21 régions. Une surveillance passive et active est réalisée dans la plupart des régions, avec des activités planifiées dans la moitié d'entre elles. Des formulaires normalisés pour la collecte de données sont utilisés uniquement dans huit régions et des procédures automatisées d'exportation de données sont disponibles dans 14 régions. Enfin, les données finales sont incomplètes, car toutes les sources de données ne peuvent pas être utilisées. Un nouveau système informatique serait bienvenu.
 
P. Gourlay, Marion Ripoche & Anne Lehebel
L’enquête cas/témoins réalisée dans 102 élevages du département de la Manche et présentée ici est une approche originale de la problématique de l’implication éventuelle des oiseaux sauvages dans la survenue d’évènements sanitaires en élevages bovins. Elle s’est, en effet, fondée sur des données, déjà recensées, de cas cliniques d’une maladie. Aucune relation statistique n’a été mise en évidence entre la fréquentation des élevages par les oiseaux sauvages, notamment de la famille des Sturnidés, et la survenue d’avortements bovins à Salmonelles. Le mode de stockage des aliments concentrés apparaît, par contre, comme une pratique d’élevage à risque lorsqu’il est réalisé à l’air libre, sans qu’un lien de cause à effet puisse cependant être établi.
 
Alina Macacu & D. J. Bicout
Mondialement répandue, l’influenza aviaire est une maladie infectieuse, affectant principalement les oiseaux et pouvant causer d’importants dégâts pour le marché des volailles. Nous construisons un modèle d’estimation de la persistance des virus de l’influenza aviaire dans l’environnement, en fonction de facteurs environnementaux. Ce modèle sera ensuite utilisé pour la réalisation de cartes de risque des sites potentiels pour la circulation des virus de l’influenza aviaire dans l’écosystème des étangs de la Dombes.
 
D. Vitour, Estelle Lara, Corinne Sailleau, E. Breard, C. Viarouge, Alexandra Desprat, Virginie Doceul, Emilie Chauveau, Micheline Adam, Morgane Dominguez & S. Zientara
En 2006, l’introduction soudaine et inattendue du sérotype 8 de BTV (BTV-8) dans le Nord de l’Europe a constitué un événement majeur en santé animale. L’histoire semble se répéter aujourd’hui avec l’émergence d’une nouvelle arbovirose provoquée par le virus Schmallenberg qui touche également les ruminants.
 
Morgane Dominguez, J. Languille, A. Fediaevsky, E. Collin, Anne Touratier, S. Zientara, P. Hendrikx & D. Calavas
La présence du virus Schmallenberg (SBV) sur le territoire français a été révélée au cours de l’hiver 2011-2012 par l’apparition de formes congénitales de la maladie chez les ruminants. La Plateforme nationale de surveillance épidémiologique en santé animale (Plateforme) associant l’administration, l’Anses, les organisations professionnelles agricoles et vétérinaires et les laboratoires d’analyse a favorisé la coordination de la réponse à cette émergence. Une surveillance des formes congénitales de SBV chez les ruminants ainsi que des enquêtes destinées à décrire cette nouvelle maladie ont été rapidement mises en place. Cette première expérience convainc du potentiel de coordination, d’adaptabilité et de réactivité de la réponse permis par la Plateforme. Elle doit consolider les habitudes de collaboration entre ses membres et poursuivre ses travaux de développements méthodologiques afin de confirmer sa valeur ajoutée dans le dispositif sanitaire français.
 
T. Vergne, V. Grosbois, B. Durand, F. Roger & Barbara Dufour
Bien qu'exploitées très largement dans le domaine de la santé publique, les méthodes de capture- recapture (CR) ne sont utilisées que depuis peu de temps pour évaluer les systèmes de surveillance des maladies animales. En nous fondant sur la littérature existante, nous proposons une revue des méthodes disponibles, ainsi qu’une discussion de leurs avantages et de leurs limites dans ce contexte. Ces méthodes semblent relativement faciles à conduire dans la plupart des situations et permettent à faible coût d’estimer l’importance réelle d’une maladie sur un territoire quand celle-ci est surveillée de manière imparfaite. Elles permettent aussi d’étudier les facteurs pouvant agir sur les processus de détection et de déclaration. Il semble cependant que les pratiques de surveillance et de contrôle des maladies animales limitent les applications à l’échelle de l’animal infecté, et nécessitent d’élargir l’unité épidémiologique à une échelle supérieure (troupeau, commune, etc.). Cet élargissement introduit de nouvelles contraintes (notamment l’hétérogénéité d’abondance) qu’il est nécessaire de prendre en compte pour ne pas biaiser les estimations finales.
 
Anne Bronner, Emilie Gay, T. Vergne, P. Hendrikx & D. Calavas
La surveillance évènementielle (clinique) de la brucellose bovine en France repose sur la déclaration obligatoire des avortements bovins par l’éleveur et le vétérinaire sanitaire. Toutefois, les résultats de cette surveillance laissent suspecter une forte sous-déclaration. La présente étude a donc cherché à quantifier le niveau de sous-déclaration et à identifier et estimer l’effet de différents facteurs sur le processus de déclaration. Afin de répondre à ces objectifs, le principe des méthodes de capture- recapture unilistes a été retenu, car permettant de prendre en compte l’existence d’élevages ne déclarant pas d’avortements alors qu’ils auraient dû vraisemblablement le faire. L’ensemble des observations a pu être modélisé à l’aide des méthodes MCMC et de deux modèles multi-réponses, le modèle de Poisson enflé en zéro (ZIP) et le modèle hurdle. Ces méthodes ont permis d’estimer que près de 73% (ICr [71% - 75%]) des éleveurs qui auraient détecté des avortements ne les déclareraient pas, cette proportion étant plus élevée pour les élevages allaitants que pour les élevages laitiers ou mixtes.
 
L. Mieli, J-P. Alzieu, Chantal Audeval, X. Desclaux, Marie Heurtault & Viviane Moquay
L'historique de la mise en place du contrôle de l'IBR au plan national français est particulier. De nombreuses interrogations sur la performance des mélanges de 10 sérums à détecter les cheptels infectés ont été formulées et publiées (rapport Anses 2005 SA 250 par exemple). Les modalités du contrôle IBR ayant évolué très récemment, ces deux approches complémentaires fondées sur le réel ont pour objet de contribuer à l'évaluation de la performance de l'utilisation des mélanges de 10 sérums en situation opérationnelle. Les deux approches utilisées aboutissent à l'observation convergente d'un défaut de détection de l'ordre de 15% des cheptels infectés IBR. Une étude sur la taille appropriée des mélanges de sérums aptes à mieux détecter l'infection des cheptels paraît donc incontournable.
 
Anne Relun, Anne Lehebel, R. Guatteo & Nathalie Bareille
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact relatif des pratiques d’élevage et de traitement sur l’incidence de la dermatite digitée (DD) en condition d’élevage. Une étude d’intervention a été conduite dans 52 exploitations bovines laitières atteintes de manière enzootique par la DD. Les exploitations ont été réparties de manière quasi-aléatoire dans quatre protocoles de traitement, incluant deux fréquences et deux moyens d’application collective d’une solution désinfectante sur les pieds des vaches, et suivies toutes les quatre semaines pendant six mois. L’effet de ces traitements et de potentiels facteurs de risque sur la survenue de lésions de DD a été étudié par analyse de survie à l’aide d’un modèle de Cox à effet aléatoire incluant des variables dépendantes du temps. Une prévalence initiale élevée de DD et une mauvaise propreté des membres ont fortement augmenté le risque de DD, ainsi que, dans une moindre mesure, l’absence de parage. Une désinfection collective appliquée pendant deux jours tous les 15 jours a eu tendance à limiter l’incidence. Ces résultats confortent la nécessité d’une intervention multifactorielle pour limiter l’incidence de la DD dans les troupeaux bovins laitiers.
 
A. Marceau, A. Madouasse, Anne Lehebel, S. Nusinovici & Christine Fourichon
La surveillance syndromique se fonde sur des données collectées en routine susceptibles d’indiquer précocement un excès de troubles sanitaires lors de la survenue d’une épidémie/épizootie dans une population humaine ou animale. Notre travail vise à évaluer l’intérêt pour la surveillance syndromique chez les bovins laitiers des dates d’insémination artificielle et de vêlage enregistrées dans les troupeaux français. Plus précisément, quatre indicateurs de troubles de la reproduction construits avec ces dates sont évalués. La précocité et l’amplitude des excès de troubles sont comparées entre les indicateurs durant l’épizootie de fièvre catarrhale ovine dans le département du Nord. Trois indicateurs montrent des excès de troubles, dont un simultanément aux premières notifications vétérinaires et deux plus tardifs, alors que le quatrième n’en montre pas. Notre étude révèle que les dates d’insémination artificielle et de vêlage sont utiles à la surveillance syndromique de maladies affectant la reproduction.
 
Delphine Rieutort, R. de Gaudemaris & D. J. Bicout
La surveillance observationnelle, fondée sur l’exposome, est un nouveau concept permettant de prendre en compte de manière optimale toutes les informations issues de bases observationnelles. La surveillance observationnelle au sein du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P) s’organise en trois étapes : la construction de l’exposome et des groupes d’expositions et la génération d’une matrice activités-groupes d’expositions. Le concept est illustré par l’exemple des lymphomes non hodgkiniens (LNH). Plusieurs groupes d’expositions concordants avec la littérature ont été mis en évidence : solvants et diluants organiques (dont benzène et trichloréthylène), produits agricoles et radiations ionisantes. La surveillance observationnelle a permis une analyse complémentaire permettant d’apporter et de conforter des hypothèses de travail concernant les maladies professionnelles.
 
V. Auvigne & Catherine Belloc
Le clinicien et l’épidémiologiste sont deux acteurs intervenant dans la gestion de la santé animale mais ils ont parfois du mal à se comprendre. L’objectif de cette communication est de poser les bases d’une réflexion sur l’origine et les conséquences de ces difficultés de communication. La méthode choisie est la reconstitution puis la discussion d’un dialogue, fondé sur un cas réel, entre les deux partenaires. Il est conclu que deux importantes différences d’approches entre cliniciens et épidémiologistes sont des rapports différents d’une part à la généralisation et l’individualisation, d’autre part à la décision. Ces différences sont des sources d’incompréhension, mais peuvent aussi être une source d’enrichissement. Les deux partenaires ont à gagner d’une intégration entre leurs deux visions.
 
ARTICLE D’ÉPIDÉMIOLOGIE
 
Christelle Fablet, Corinne Marois, Virginie Dorenlor, F. Eono, E. Eveno, Typhaine Poëzévara, Marylène Kobisch, F. Madec & N. Rose
L’étude a pour objectif de comparer quatre techniques de prélèvement : écouvillonnage nasal, écouvillonnage oro-pharyngé, lavage trachéo-bronchique et sondage trachéo-bronchique, alliées à une technique de laboratoire de réaction de polymérisation en chaine nichée (n-PCR), pour détecter Mycoplasma hyopneumoniae (M. hyopneumoniae) chez le porc vivant naturellement infecté. Les prélèvements ont été réalisés dans un élevage chroniquement atteint de troubles respiratoires. Un échantillon de 60 porcs aléatoirement sélectionnés dans une bande en fin d’engraissement a été utilisé. Chaque porc a été soumis aux quatre techniques de prélèvement. Les échantillons ont été analysés par n-PCR pour détecter M. hyopneumoniae. Les résultats ont été classés en n-PCR positif ou négatif. Une approche Bayésienne a été utilisée pour estimer la sensibilité de chaque technique de prélèvement couplée à la n-PCR, la spécificité étant fixée à 1. Pour 70% des porcs, M. hyopneumoniae a été détecté par n-PCR dans au moins un échantillon. Les méthodes fournissant les sensibilités les plus élevées étaient le sondage trachéo-bronchique (0,74 ; intervalle de crédibilité à 95% (IC95%) (0,59 ; 0,86)) et le lavage trachéo-bronchique (0,68 ; IC95% (0,53 ; 0,82)). L’écouvillonnage nasal présentait la plus faible sensibilité (0,19 ; IC95% (0,09 ; 0,32)). Les résultats indiquent que le prélèvement trachéo-bronchique associé à une PCR-nichée est un outil de choix pour évaluer la dynamique d’infection des porcs en élevage par M. hyopneumoniae.
 
INFORMATIONS
 
Barbara Dufour, M. Bekara, Aurélie Courcoul & Ariane Payne
 
François Moutou