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Dufour Barbara
 
JOURNÉE AEEMA - 24 mars 2016 : Épidémiologie d’investigation
 
Calavas Didier
L’épidémiologie d’investigation (EI) peut être définie comme le « domaine de l’épidémiologie correspondant à la démarche effectuée à la suite de l’apparition d’un problème de santé (cas, foyer(s)), pour en identifier la cause, en préciser les caractéristiques (étiologie, population touchée, extension spatio-temporelle), en déterminer l’origine (« enquête amont ») et en estimer les conséquences avérées et potentielles (« enquête aval »), en vue de l’élaboration de recommandations destinées à sa maîtrise par le(s) gestionnaire(s) de santé ». La finalité de l’EI est la gestion sanitaire, c’est-à-dire la mise en œuvre de mesures permettant la maîtrise des problèmes sanitaires investigués, mais l’EI contribue également à enrichir les connaissances vis-à-vis de ces maladies et à faire émerger de nouvelles questions de recherche. L’EI est mise en œuvre dans deux types de situations : celles pour lesquelles la démarche générale d’investigation épidémiologique a été adaptée par le gestionnaire de risque à une maladie donnée, soumise à réglementation sanitaire, et bénéficiant d’un protocole d’investigation précis, et celles pour lesquelles la démarche générale d’investigation épidémiologique est à adapter spécifiquement et librement, par les investigateurs, au problème de santé rencontré.
 
Gay Émilie, Hendrikx Pascal & Calavas Didier
Une méthode générique d’investigation épidémiologique applicable à la santé animale et à la sécurité sanitaire des aliments a été développée par un groupe d’experts réuni par l’Anses. Cette méthode se décline en dix étapes réparties en trois phases. La première phase est descriptive : 1. Diagnostic phénoménologique, 2. Confirmation du diagnostic, 3. Définition de cas, 4. Comptabilisation des cas, 5. Description du phénomène (notamment courbe épidémique et zones à risque). La deuxième phase est analytique : 6. Formuler une analyse de la situation épidémiologique et 7. Évaluer les hypothèses (origine du phénomène, modalités de diffusion, risque d’extension, etc.). La dernière phase est celle des formulations : 8. Questions de recherche, 9. Recommandations de mesures de lutte et de surveillance et 10. Rapport reprenant l’ensemble des neuf phases précédentes.
 
Boisseleau Didier
Les services départementaux des Directions départementales en charge de la protection des populations peuvent effectuer ou coordonner des investigations épidémiologiques dans trois circonstances de la surveillance et de la lutte : l'investigation des signaux et signalements, l'investigation des cas et des foyers détectés, et enfin les investigations réalisées lors des opérations d'éradication des foyers. Les signaux proviennent de la surveillance active, des autocontrôles des entreprises ou des plaintes. Les signalements proviennent de la surveillance événementielle. L'investigation des signaux et signalements est fondé sur l'interprétation d'examens de laboratoire en fonction de seuils de positivité définis par la réglementation et en fonction du nombre d'examens positifs, de leur contexte épidémiologique connu. En cas de doute, des investigations complémentaires sont réalisées sur le terrain : nouveaux prélèvements et contexte épidémiologique affiné. Les signaux validés sont gérés sous forme d'alertes officielles. L'investigation des cas a lieu à la suite de leur confirmation dans le cadre d'une enquête épidémiologique dans les foyers identifiés, pour évaluer l'origine et la diffusion potentielle du phénomène, afin de mettre en place des mesures de surveillance complémentaires et des mesures de lutte. Des investigations peuvent enfin avoir lieu lors de l'abattage des animaux pour affiner la connaissance et les conséquences de la maladie. L'échelon local (département) gère les signaux, les signalements et les foyers liés à des phénomènes connus ; ils sont épaulés ou remplacés par le niveau régional ou national, pour des sujets nouveaux.
 
Scoizec Axelle, Desvaux Stéphanie, Chevalier Fabrice, Jabert Pierre, Courcoul Aurélie & Alvado-Brette Marie-Béatrice
L’investigation épidémiologique des foyers de tuberculose bovine par les services vétérinaires départementaux devient un élément clé et systématique de la lutte contre la maladie à partir de la note de service de la Direction générale de l'alimentation (DGAl) du 20 janvier 2000. L’évolution de la situation sur le terrain et les avancées des connaissances ont engendré une révision du protocole d’investigation (Note de service DGAl du 27 mai 2015). Une étape supplémentaire va être conduite pour développer une formation des agents amenés à effectuer ces investigations et utiliser un outil informatique dédié. Au travers de ces étapes, on constate que les objectifs et le contenu du protocole d’investigation évoluent en réponse aux avancées des outils, des connaissances et des acteurs. Les objectifs ont ainsi évolué d’une simple enquête amont/aval, vers une investigation incluant en plus la détermination des facteurs de risque de re-contamination du foyer. On constate également que le protocole apporte un niveau accru d’harmonisation interdépartementale des investigations.
 
Chevalier Fabrice, Hars Jean, Courcoul Aurélie, Hansen Éric, Boschiroli Maria-Laura & Richomme Céline
En janvier 2015 un sanglier infecté par Mycobacterium bovis était découvert dans le Loir-et-Cher, département indemne de tuberculose bovine en élevage depuis 1986, plaçant ce département dans une situation inédite, puisque c’était la première fois en France qu’un animal sauvage était détecté infecté de tuberculose bovine en milieu ouvert hors d’une zone d’infection bovine connue. À la demande de la DGAl, une équipe d’investigateurs de l’ONCFS de l’Anses et de la DGAl, a été constituée afin d’étudier le contexte d’émergence du cas, d’identifier si possible son origine et de faire des propositions de mesures de surveillance chez les ruminants domestiques et dans la faune sauvage. Le retour d’expérience sur ce travail d’épidémiologie d’investigation fait ressortir les bénéfices de la configuration multidisciplinaire de l’équipe d’enquête et la très bonne collaboration des structures et parties prenantes tant à l’échelle nationale (ONCFS, LNR, Cirev) qu’en département (services vétérinaires, éleveurs, vétérinaires, chasseurs, préfet). Le caractère privé des territoires de chasse a été à l’origine des principales difficultés rencontrées, d’une part, pour accéder aux données d’effectifs et de traçabilité des animaux chassés, d’autre part, pour définir puis mettre en œuvre les mesures de surveillance dans la faune sauvage.
 
Gerbier Guillaume & Villagi Yann
Un contaminant peut être défini comme une substance décelée dans un lieu où elle ne se trouve pas normalement. Cela recouvre potentiellement des millions de molécules inorganiques. Dans le domaine de l’épidémiologie animale, ces contaminants peuvent provenir de l’environnement (eau, sol, air) mais aussi des pratiques d’élevage (usage de médicaments par exemple). Deux situations de départ peuvent être distinguées : soit on connaît le contaminant ou la situation pouvant être à l’origine d’une contamination chimique, soit on est face à des signes cliniques compatibles avec une contamination environnementale. L’objectif de cet article est de montrer les particularités des investigations épidémiologiques dans ces situations, en comparaison avec les investigations épidémiologiques plus « classiques » portant sur des agents pathogènes : connaissances et compétences mobilisées, outils disponibles, mesures de gestion spécifiques.
 
De Valk Henriette
En Allemagne, une épidémie de grande ampleur d’infections à E. coli O104:H4, producteur de shiga-toxines est survenue en mai 2011. Peu de temps après (en juin 2011), des cas groupés de syndrome hémolytique et urémique ou de diarrhée sanglante ont été signalés dans le sud-ouest de la France. Une collaboration étroite entre les investigateurs des deux pays et les instances européennes concernés, et la mise en commun des résultats des enquêtes épidémiologiques, microbiologiques et de traçabilité dans ces deux pays ont permis d’identifier des graines germées de fenugrec importées d’Egypte comme source de contamination.
 
Noël Harold
Le chikungunya et la dengue sont deux arboviroses responsables d’épidémies d’ampleur en zone tropicale. Du fait de l’implantation croissante du moustique vecteur Aedes albopictus en France métropolitaine, il existe un risque avéré de transmission locale de ces arboviroses. Le plan anti-dissémination du chikungunya et de la dengue coordonne depuis 2006 la surveillance épidémiologique humaine et vectorielle ainsi que l’évaluation de risque arboviral. Ce plan vise à prévenir la dissémination des virus du chikungunya et de la dengue par la détection rapide des cas virémiques importés et en limiter la diffusion en cas de survenue de cas autochtones. Depuis 2010, deux épisodes limités de transmission autochtone de chikungunya et cinq épisodes limités de dengue ont été détectés en France métropolitaine et contrôlés efficacement. Chaque épisode constitue une mise à l’épreuve de ce plan mais aussi une opportunité d’amélioration et de gain d’efficience.
 
Dominguez Morgane
La surveillance et l’investigation épidémiologique interagissent et se complètent en vue d’apporter les éléments de compréhension d’un problème sanitaire, nécessaires à la mise en œuvre informée de mesures de contrôle efficaces. Une sélection d’exemples illustre ces interrelations. Une investigation peut être diligentée pour préciser les déterminants d’un phénomène sanitaire, après qu’un dispositif de surveillance ait alerté de sa survenue. Une surveillance peut être déployée, ou adaptée, à la lumière des éléments fournis par l’investigation afin de poursuivre la description du phénomène et d’assurer le suivi de son évolution. Enfin, une surveillance peut être mise en œuvre pour préciser la connaissance des déterminants d’un phénomène sanitaire ; elle converge alors avec l’investigation. L’étroitesse des liens entre la surveillance et l’investigation doit être prise en compte en assurant leur pilotage coordonné, afin de permettre leur déploiement synergique performant en vue d’assurer une gestion sanitaire réactive.
 
 
ARTICLES D’ÉPIDÉMIOLOGIE
 
Cardoen Sabine, Thiry Etienne, Vangeluwe Didier, Dewulf Jeroen, Gilbert Marius, Saegerman Claude, Lambrecht Bénédicte, Vandecan Michaël, Houdart Philippe & van den Berg Thierry
Vu l’introduction du virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N8 en Europe en 2014, la probabilité d’introductions nouvelles, de circulation et d’établissement de ce virus en Belgique a été évaluée et les particularités de ce virus H5N8 par rapport aux autres virus IAHP, dont le virus H5N1, ont été mises en évidence. Un système d’alerte fondé sur une analyse régulière de la situation épidémiologique le long des voies migratoires des oiseaux sauvages vers la Belgique est proposé. Ce système d’alerte devrait permettre de définir de manière durable et continue un niveau de « risque » d’introduction de virus IAHP en Belgique via les migrations d’oiseaux sauvages. Une distinction est faite entre trois niveaux de « risque » : la vigilance de base, la vigilance accrue et le risque accru. Afin d’être proactif dans la prise de mesures préventives visant à éviter l’introduction de virus IAHP dans les exploitations, ces différents niveaux de « risque » sont associés à des mesures de biosécurité spécifiques. Comme le virus H5N8 est moins pathogène pour l’avifaune sauvage que le virus H5N1, la probabilité de circulation et d’établissement du virus H5N8 dans la faune sauvage en Belgique est supposée être plus grande. Le virus H5N8 est un réassortant ayant de nombreux gènes communs avec le virus H5N1 et circulant sur un mode enzootique en Asie du Sud-Est et dans quelques autres régions du monde (Egypte, Bangladesh …) depuis plus de 10 ans. Tant que cette situation perdurera, le « risque » d’introduction de virus IAHP, aux propriétés éventuellement modifiées, par les oiseaux sauvages en Europe se maintiendra. Dès lors, la surveillance dans l’avifaune sauvage reste plus que jamais nécessaire pour détecter précocement la présence de virus IAHP.
 
Philipon Sixtine, Payne Ariane, Barbier Elodie & Dufour Barbara
Les interactions entre animaux de la faune sauvage sont susceptibles d’intervenir dans la transmission de maladies dues à des agents pathogènes multi-hôtes, tels que Mycobacterium bovis, agent de la tuberculose bovine. Bien que la France soit reconnue officiellement indemne de tuberculose bovine, l’infection est toujours présente dans quelques élevages bovins et dans la faune sauvage de certaines zones. Afin de mieux cerner les possibilités de circulation de M. bovis au sein des espèces sauvages sensibles trouvées infectées (sangliers, cervidés et blaireaux) en France, nous avons cherché à évaluer à quelle fréquence ces espèces ont visité des sites d’agrainage et des souilles, que nous considérions comme des zones à risque pour les contacts. Pour cela, nous avons utilisé des caméras de vidéosurveillance spécifiques situées près des zones d’agrainage et des souilles. Nous avons décrit les visites en termes de durée, de comportement et de nombre d’individus présents. Ensuite, nous avons estimé le nombre d’interactions intra-spécifiques et interspécifiques qui se produisent à ces endroits et qui pourraient conduire à la transmission de M. bovis. Puis nous avons estimé quelles interactions étaient les plus à risque pour la transmission de cette bactérie en évaluant la probabilité de sa transmission pour chacune d’entre elles à l'aide d’une méthode d’analyse qualitative de risque en santé animale utilisée par l’ANSES. Les sites ont été fréquentés avec une moyenne de 1,41 ± 2,07 visites par jour pour chaque site. Les blaireaux ont davantage fréquenté les zones d’agrainage tandis que les cerfs ont fréquenté uniquement les souilles. Le comportement de nourrissage, abreuvement et fouissage, comportement le plus à risque pour l'excrétion et l'infection, a dominé chez toutes les espèces. L’évaluation qualitative du risque conduite suggère que le sanglier pourrait être au centre de la transmission pluri-espèces malgré une capacité d’excrétion modérée. Des mesures de gestion de ces points de rencontre devraient être mises en œuvre afin de limiter les interactions dans le but de réduire la circulation M. bovis entre les animaux.
 
JOURNÉE AEEMA - 25 mars 2016 : Communications orales
 
Boireau Clémence & Praud Anne
En 2013, la Direction générale de l’alimentation (DGAl) a lancé un protocole expérimental d’évaluation du test interféron gamma afin d’évaluer la possibilité de le substituer à l’intradermotuberculination de recontrôle à six semaines dans le cadre de la gestion des suspicions de tuberculose bovine en élevage. Cette expérimentation nationale reposait sur la participation volontaire des éleveurs. Quels sont les facteurs et déterminants à l’intégration ou au refus de participation à une expérimentation sanitaire de cette envergure ? Pour y répondre, une enquête sociologique reposant sur des entretiens semi-directifs a été menée dans les Ardennes auprès des éleveurs et des autres parties prenantes d’intérêt. La suppression du blocage des exploitations pendant six semaines en cas de suspicion représente un réel enjeu pour les acteurs du sanitaire qui souhaiteraient faire évoluer la réglementation. Toutefois, les conséquences de l’intégration au protocole se sont révélées trop lourdes pour que les éleveurs renouvellent leur participation. En outre, des confusions et incompréhensions relatives aux objectifs de l’expérimentation et à ses conséquences ont terni l’image du dispositif expérimental. D’un point de vue stratégique, la transmission d’information adaptée, l’apport d’explications claires sur les objectifs poursuivis, ainsi que le ciblage des intérêts des parties prenantes constituent les points clés à privilégier pour pérenniser ce type de dispositif : différents éléments de recommandation sont discutés.
 
Sailleau Corinne, Bournez Laure, Bréard Emmanuel, Viarouge Cyril, Cavalerie Lisa, Vitour Damien & Zientara Stéphan
Six ans après l'introduction de la fièvre catarrhale ovine (FCO) sur notre territoire, la France continentale a été déclarée indemne de cette maladie le 12 décembre 2012 après plusieurs campagnes de vaccination. Près de trois ans plus tard, en août 2015, le virus a fait sa réapparition dans le centre de la France (Allier). Un bélier présentant des signes cliniques évocateurs de la maladie a fait l'objet de prélèvements qui ont permis de diagnostiquer une infection par le virus de la FCO. Les différentes analyses réalisées sur le virus ont permis de montrer qu’il s’agissait d’une souche de sérotype 8, génétiquement très proche de celle qui avait circulé lors de l’épizootie majeure en Europe du Nord dès 2006. Sur l'ensemble du cheptel, seul cet animal présentait des signes cliniques. À la suite de ce cas, des enquêtes ont été menées, au niveau local dans un premier temps, puis au niveau national afin de préciser l’étendue de la zone infectée par le virus. Nous présentons ici l'ensemble des outils moléculaire et sérologique utilisés lors de cet épisode ainsi que les résultats de la surveillance mise en place en 2015.
 
ACTUALITÉS ÉPIDÉMIOLOGIQUES
 
Marsot Maud, Amat Jean-Philippe, Arsevska Éléna, Courcoul Aurélie, Palisson Aurore & Rivière Julie
INFORMATIONS
 
 
Michel Christian